Un mouton, deux moutons, trois moutons, quatre moutons, cinq moutons… Aahlix avait beau les compter ces fichus moutons, le sommeil ne voulait absolument pas venir, ils avaient beau franchir la barrière en remuant leur queue, aucun ne la laissait gagner les bras de Morphée. Pourtant, il fallait absolument qu'elle parvienne à trouver le sommeil, même à trois heures de l’après-midi. Pendant les vacances, elle faisait tout pour se changer les idées et dormir était le meilleur moyen.Aujourd'hui n'était pas une journée comme les autres, c'était l'anniversaire du jour où son futur ex-mari de l'époque l'avait planté pour partir à l'étranger avec sa mère dont il était tombé amoureux. Une blague ? Non, non le comble était que c'était tout à fait sérieux. La preuve, elle en gardait encore les marques en ce jour funèbre. Elle n'avait pas quitté sa chambre depuis la veille au soir et refusait de descendre en bas, malgré les veines tentatives de son père de sa belle-mère. Au moins, elle ne campait pas dans la salle de bains, comme elle l'avait fait le jour de son mariage. Ici, elle avait un lit, une télévision, en gros de quoi s'occuper. Voyant que ses pensées se retournaient encore sur le calendrier, elle essaye une nouvelle fois de de dormir. Dormir allait lui permettre de se reposer et de ne pas penser, de plonger dans un état second. Mais à présent, en cette belle journée d'aout, la tête de Aahlix claquait et ses oreilles bourdonnaient et le sommeil ne voulait pas pointer le bout de son nez. Elle avait tout essayé, le coup des moutons, le coup de l’histoire avant de dormir; mais pas moyen de fermer l’œil. En plus de cela, le bruit reprenait et s’intensifiait toutes les quatre secondes. Et voilà que maintenant elle entendait. « Vas-y allez marque » « cours, cours, feinte » « ouuuuuuuuuuuuuui! »
Emmitouflée dans sa couverture, Aahl' avait l'impression de perdre la boule. Elle allait être enfermée dans un asile puis jetée au feu tout comme Jeanne d'arc en son temps. C'était la fin des haricots, comme on disait. « Noah attends ! » Noah ? Elle ne pouvait pas entendre Noah dans sa tête. En plus, la voix qu'elle entendait était beaucoup forte, celle d'une personne plus âgée comme son père. Oui ! C'était son père, elle entendait la voix de son père ! « Attrape le ballon Noah ! » Oui, tout se clarifiait, non elle ne devenait pas folle, son père jouait simplement dans la cour de basket qui se situait juste en dessous de sa fenêtre et faisait beaucoup de bruit. Première chose de rassurante, elle n'allait pas mourir tout de suite. Sauf que, Noah ! Noah était en bas et jouait avec son père et en plus, il l'empêchait de dormir ! Elle se leva d'un bond, telle une furie et gagna sa fenêtre.
« Il y a des gens en haut qui essayent de dormir, MERCI » cria t-elle. En réalité, ils n'étaient plus aussi bruyants mais le simple fait que Noah fasse partie de cette petite expédition l'empêchant de trouver la sommeil, la mettait dans une rage folle et en plus tout ce qu'ils trouaient à faire ces deux goujats était de sourire. Ba voyons ! « Vous avez compris, je dois dormir ! » Elle observa son père qui hocha vivement la tête puis elle voulut observer Noah qui avait déjà disparu. Il quittait le terrain pour grimper l'escalier. Il n'allait pas oser entrer quand même ? Et si. Il fallait absolument faire quelque chose, barricader la porte, placer des chaises, des planches. Oui, placer des chaises était l'idéal. Elle entreprit de le faire puis se mit à imaginer la tête de son père. Non, elle avait vingt-trois ans et pas dix, elle n'était plus un enfant, du moins en théorie. Quand le coup retentit sur la porte, elle s'assit sur son lit, légèrement boudeuse et cria un « je suis occupée, dégagez » qu'elle n'aurait pas le moins du monde sorti à son père mais qui était spécialement reservé à Noah