Pour un homme désespérément seul il est parfois dur de se lever le matin sachant qu'il n'y a personne de l'autre côté de lit. Pour Noah c'est une autre affaire. Il n'est jamais seul le pauvre et bien souvent le plus dur au réveil est de s'en aller avant que la demoiselle ne se réveille. Un comportement typiquement macho, mais pour Noah c'est simplement la trouille de voir la jeune femme s'accrocher. Alors il préfère lui briser le cœur indirectement. En ce dimanche matin il se réveilla au côté d'une belle blonde. Inconnue à ses yeux avant hier soir, il a bien profiter de sa nuit. Mais lorsque les premiers rayons de soleil se montrent cela signifie qu'il est temps de rentrer chez soit. C'est avec une discrétion maximale qu'il se dégagea du lit, enfila ses vêtements et quitta la chambre rapidement. On peut critiquer son comportement mais cela ne le changera pas. Déçu par l'amour il préfère devancer les sentiments avant qu'ils ne le blessent de nouveau. Sur le chemin du retour, comme à ses habitudes, il s'arrêta dans la boulangerie du coin se rassasier de sa nuit de folie. C'est que cela creuse d'être un homme à femme. Surtout que celles-ci sont extrêmement gourmandes (a). Il se prit un bon croissant et c'est à pied qu'il rentra chez lui, dans sa humble demeure. Accueilli en fanfare par Sally, il eut le droit à diverses léchouilles au visage. Pour éviter toute ambiguïté, Sally est un labrador, magnifique et extrêmement câline. Il lui donna sa portion quotidienne de nourriture et s'en alla se laver. Il redescendit dans sa cuisine et de nouveau sa chienne lui sauta dessus. Celle-ci tenait entre ses crocs une laisse. Noah la prit et attacha Sally. On ne peut rien lui refuser, surtout quand elle fait ses yeux doux. C'est avec la belle demoiselle qu'il sortit de chez lui en direction des cascades. Un endroit qu'elle adore et puis c'est parfait pour faire ses petits besoins tout en étant dans un endroit idyllique. En cette belle journée le temps était magnifique, il faisait une chaleur pas possible, et cela n'arrangeait en rien le mal de crâne qu'avait le jeune homme. C'est limite si il ne dormait pas debout, heureusement que sa chienne est là pour le réveiller en tirant comme une forcenée sur la laisse. Comme à ses habitudes elle gesticulait dans tous les sens, était extrêmement excitée et ne faisait que tirer sur la laisse. À côté de cela Noah était son jouet, le boulet qu'elle devait traîner. Une fois près des cascades, le peu de monde présent trempait leurs pieds, alors que d'autres se doraient la pilule sur l'herbe à côté. « bon dépêche de faire ton popo et après on rentre ! Noah il est fatigué de sa nuit ! ». Et oui Noah parle à sa chienne en pensant que celle-ci le comprenne. Ce qui est complètement absurde et pourrait laisser penser que le jeune homme est barge, sauf que c'est ainsi que la communication se fait entre un maître et son chien. Mais souvent la communication passe extrêmement mal. D'ailleurs Sally aujourd'hui était d'humeur taquine. Voyant que son maître somnolait un peu, elle décida de le réveiller. Pour cela la meilleure technique est bien évidemment le saut d'eau en pleine figure. Mais pas facile pour un chien de renverser un seau sur une personne. Alors la solution est bien simple, traîner son maître jusqu'à la cascade. Et c'est ainsi que la seconde qui suivit, Noah se retrouva la tête la première à la flotte. Au passage il voulut se retenir à quelque chose, hors là ce fut une personne, qu'il entraîna avec lui dans son petit bain. L'eau était extrêmement fraîche et cela se sentit lorsque le jeune homme ouvrit grand ses yeux, encore sous le choc des évènements. Il regarda Sally de ses yeux noirs et apeuré par la réaction de la personne entraîner de force, il se retourna automatiquement vers elle. « Veuillez m'excuser ! Je ne sais comment me faire pardonner, vous savez c'est ma chienne … enfin pour vous c'est moi, mais … OH allez-y vengez-vous !! ». Noah n'a jamais été doué en ce qui concerne les excuses, il est même extrêmement nul, alors autant se faire punir avant de se faire lamentablement engueulé devant une foule en délire. Car oui autour de la cascade le peu de personnes qui se trouvaient au alentour se sont agglutinés pour voir le spectacle. Et le jeune homme en vrai gentleman décida de se lever afin d'aider la pauvre demoiselle en détresse. Demoiselle au visage masquée par sa longue chevelure blonde. Il lui tendit la main, signe qu'il était là pour l'aider à se relever.

« Jules & Casey »

Je relevai les yeux et soupirai. « Papa? Combien de fois dois-je te répéter que tu ne dois pas t'inquiéter pour moi? Je vais parfaitement bien! » Je souris, sachant parfaitement que mon sourire était plus faux que tout. Mais mon père n'était pas comme moi, il ne m'enquiquinerait pas jusqu'à ce que je lui avoue la vérité. Il leva juste les yeux au ciel. Comment pourrais-je lui dire que je couchais à gauche et à droite et que j'avais des problèmes avec la drogue. Et encore, il était dans un si mauvais état. Les médecins avaient présumé qu'il s'en sortirait d'ici peu, que le traitement fonctionne très bien, mais il avait fait une rémission. Je pris sa main et souris. « Je suis assez grande pour me débrouiller. Je ne veux pas que tu t'inquiètes, d'accord? » Il me fit un petit sourire, mais je lui fis un regard insistant et il soupira avant de hocher la tête. Ça me rendait triste de le voir comme ça. J'aime beaucoup mon père et le voir s'inquiéter comme ça pour la pauvre fille que j'étais me rendait dingue. N'aurais-je pas pu être une petite fille modèle pour lui? Je décidai de diriger la conversation vers un sujet plus neutre. « Alors, je t'ai vu faire de l'oeil à cette infirmière! Mais que tu es un vilain garçon! » Il ria et me lança un grand sourire. « C'est ça, moque toi de ton pauvre père. Comme si cette infirmière pouvait s'intéresser à moi.. Et toi? Ta vie amoureuse? » Je haussai les sourcils. Depuis quand mon paternel parlait-il d'amour. Ce concept n'était-il pas, pour lui aussi, totalement absurde? Je secouai la tête de gauche à droite en signe de négation en pensant mentalement que ce n'était pas une vie amoureuse que j'avais, mais une vie sexuelle. Il y avait aussi Jules..enfin c'était un mec comme les autres, ne croyez pas le contraire. C'est juste que..Non rien, en fait. C'est simplement un mec. Je sentis mon visage rougir. Je baissai les yeux et fus sauvée par l'infirmière qui entra dans la pièce. « Mademoiselle O'Shea, je vais devoir vous demander de laisser votre père, il doit avoir son traitement. » Si ce n'était pas de la chance. Je hochai la tête en souriant. Je me levai et déposai un baiser sur le front de mon père avant de quitter la chambre. Je saluai les infirmières et sortis à l'extérieur. Une fois à l'extérieur, je laissai quelques larmes perler sur mes joues. Je me sentais si mal de faire sentir mon père comme ça. Certes son cancer n'était pas de ma faute, mais si je n'étais pas une adulte à problèmes, il n'aurait pas à s'inquiéter. J'essuyai ces larmes du revers de la main avant de héler un taxi.

Une fois à mon appartement, j'allai me changer. Il faisait plus chaud que ce matin et mon jeans commençait vraiment à m'énerver. Je troquai le tout pour une paire de short et une camisole. J'inspectai mon appartement un instant avant de décider qu'il faisait trop beau pour rester enfermée à l'intérieur. J'attrapai mon appareil photo, mes converses, mes lunettes soleil et mes clés avant de m'engouffrer hors du loft. Une fois dehors, je réalisai que je ne savais pas où aller. Je levai les yeux et me moquai intérieurement de moi-même. Je finis par choisir ma destination : Tidal Cascades. C'était l'endroit parfait pour prendre des photos aujourd'hui. Je jouai avec la bandoulière de mon sac pendant que je marchai. Ce n'était pas la porte à côté, mais j'étais habituée à ce trajet, c'était tout prêt de l'aquarium, où je travaillais. Lorsque j'arrivai, il n'y avait pas autant de personne que je croyais. Décidément, les personnes préféraient l'air climatisé. Je m'installai dans l'herbe et regardai les autres. Je vis des enfants s'approcher de la fontaine. Je pris mon appareil photo et commençai à les photographier. Le résultat était formidable. Je m'approchai d'eux et leur demanda où était leur maman. Naïvement, ils me l'indiquèrent. Elle portait bien attention à ce qui se passait. Je souris en pensant que cette maman était sûrement bien meilleure que la mienne l'avait été. Je lui montrai les photos et elle me laissa sa carte pour que je lui en fasse parvenir lorsque je les développerai. J'étais heureuse que mon travail plaise. J'allai déposer mon appareil avec mes autres affaires dans l'herbe puis me rapprochai de la fontaine, avec pour idée de me mettre les pieds à l'eau. Puis, en un coup de vent, je fus tirée directement dans l'eau. On s'était agrippé à mon bras comme pour se retenir. Moi qui ne pensait que me mouiller les pieds, j'étais carrément trempée. « Veuillez m'excuser ! Je ne sais comment me faire pardonner, vous savez c'est ma chienne … enfin pour vous c'est moi, mais … OH allez-y vengez-vous !! » Mais...je connaissais cette voix. Ah merde. Je pris une grande respiration. Il se releva et me tendit sa main. Je me mordis la lèvre et poussai les cheveux de mon visage. « T'inquiète que je vais me venger, mon cher! » Je pris sa main et le tirai dans l'eau. Je me moquai bien de tous les curieux autour du bassin, je n'étais pas du genre gêné et puis, ce n'était pas comme si je ne connaissais pas Jules.

« Jules & Casey »

Jules avait été le premier. Le premier a me faire douter de ma coquille "anti-amour". Je me battais contre moi-même chaque fois que j'étais avec lui. Je ne voulais pas d'amour, mais supposément qu'on ne peut décider de cela. Ça n'avait jamais été un jeu, certes, j'étais joueuse, mais avec lui ça avait été différent. J'avais fini par rattraper la raison et j'avais décidé, enfin, je m'étais convaincue, que je n'étais pas amoureuse. Et c'est à ce moment qu'il m'avait dévoilé ses sentiments. Je me rappelai avoir mordu ma lèvre inférieure en me demandant que faire. Et qu'avais-je fait? Je l'avais planté là. Je ne pouvais me résigner à assimiler que j'aurai pu être amoureuse. Depuis, il m'évitait. Et je pouvais le comprendre. Et moi, je gardais mon rôle. Je ne voulais pas le blesser, mais c'était le seul moyen de ne pas me faire avoir. Lorsque je le fis replongé dans l'eau, je compris que ce n'était peut-être pas la meilleure des décisions. Il sortit en vitesse de l'eau, me laissant en plan. Ça me rappelait vaguement notre dernière rencontre, mais les rôles inversés. Il planta son regard dans le mien. « Cela ne sera pas pour aujourd'hui ! Je … vais te laisser, et je suis encore désolé de t'avoir entraîné dans ma chute. » Je haussai le sourcil alors que la foule s'éparpillait. C'était tout? J'aurai du m'y attendre. Je secouai la tête, refoulant des émotions qui n'auraient pas du se pointer. Je posai mes mains pour me pousser et sortir de la fontaine lorsqu'elles entrèrent en contact avec un objet métallique. Je sortis l'objet. Ses clés. Décidément le destin était contre lui aujourd'hui. Il tombait sur moi alors qu'il m'évitait avec une subtilité marquée et voilà que j'étais en possession de ses clés. Chance ou malchance? Je pris une grande respiration et m'extirpai de la fontaine. J'attrapai mon sac et mon appareil-photo et accélérait le pas pour rejoindre Jules. « Jules! » Il n'allait pas être joyeux de me voir à sa suite. Je lui fis un petit sourire penaud et lui tendit le trousseau de clés. « Je crois que tu ne pourras pas aller très loin sans ça..» Je fis un pas vers lui et lui remis ses clés. « Jules.. Je pense qu'il faudrait vraiment qu'on parle...de tout ça... » Je baissai les yeux au sol, mon coeur faisait des siennes et je n'avais aucune envie d'éclater en larmes. Je ne savais même pas pourquoi j'avais dit ça. Devait-on vraiment régler ça? Quelque chose en dedans de moi me disait que oui, il le fallait.