Était-ce vraiment une bonne idée ? Loris se le demandait. Il avait invité Alec à venir le rejoindre sur la plage, en temps qu'amis bien évidemment. Loris savait bien que la jeune femme aimait son mari, mais quand on a rendez-vous avec une jeune femme aussi belle qu'Alec dans un endroit aussi beau que la plage, mais il fallait profiter des derniers rayons de soleil estival, Loris le savait bien, et il savait que cela plairait à Alec, elle avait toujours été une jeune femme joyeuse, une jeune femme qui profitait parfaitement de la vie comme il fallait. C'était l'explication à la plage. Un fin vent flottait, et faisait voler les cheveux des quelques personnes présentes sur le plage, il n'y avait presque personne, car le vent de ce mois d'octobre commençait à devenir froid. Cependant, Loris était là, avec, contrairement à son habitude, une demi-heure d'avance. Une demi-heure, oui. C'est plutôt dur à croire mais il se trouve qu'il était arrivé en avance, avec une demi-heure. Et pourtant, il n'était pas sûr qu'Alec viendrait, oui, certes leur relation s'était apaisée et était devenue presque amicale, mais Loris s'attendait toujours à une vengeance à sa bêtise passée. Oui, car ce n'est pas le genre d'Alec, mais Loris ne l'a jamais vraiment bien connue. Ils étaient restés ensemble que quelques temps, et n'avaient finalement jamais été amis, alors forcément.

Loris croisa nerveusement ses doigts, oui, il était nerveux, ce n'était son genre, mais il l'était, il remuait tout aussi nerveusement sa mâchoire. Il sortit alors de la poche intérieure de sa veste, un paquet de chewing-gum, il l'ouvrit et en sortit un, qu'il commença à mâcher. Il remonta une nouvelle fois sa manche pour jeter un dernier coup d'œil à sa montre. Elle devait arriver dans les cinq minutes à venir, il ne pouvait plus tenir en place, il se sentait si impuissant à ce moment-là, il avait l'impression que le monde tournait autour de lui, et que lui, il restait immobile là. Pourtant, il avait juste rendez-vous avec une vieille amie. Une amie oui, mais pas n'importe laquelle. Peut-être ne voulait-il pas être ami avec Alec ? Ou peut-être ne voulait-il pas être juste ami avec la jeune femme ? Oui, bien sûr qu'il aurait espéré plus, mais il savait bien que c'est impossible. Elle était mariée et il le savait bien, elle aimait son mari, ça aussi il le savait. Elle portait avec une telle fierté son alliance, elle était si heureuse, si rayonnante. La rendre si heureuse c'était bien quelque chose que Loris ne pouvait pas, lui c'était un de ces gars instables qui passent de nanas en nanas, sans vraiment faire attention à ce qu'elles pouvaient penser ou ressentir. Ce n'était pas le genre de personnes à fonder une famille, à construire un futur, à construire quelque chose. C'était plus fort que lui, tout détruire à chaque fois. Loris chassa alors cet pensée de son esprit, il ne devait pas penser aux possibles sentiments qu'il ressentait pour Alec. Il s'entêta alors de se dire que ce n'était qu'une fille comme les autres, il essaya alors de se répéter que si il s'était souvenu d'elle pendant toutes ces années c'était à cause de l'histoire de la grossesse et pas à cause des sourires qu'elle lui adressait à l'époque, pas à cause des paroles douces qu'elle lui disait en les pensant toutes. Il se frappa alors la tête en soupirant.

Il mit alors son chewing-gum dans un mouchoir qu'il mit soigneusement dans sa poche pour le jeter dès qu'il le pourrait. Il posa alors le sac plastique dans lequel était rangé deux sandwichs, un pour Alec et un pour lui au cas où elle aurait pas mangé, car il commençait à se faire plus tard. Loris jeta un nouveau coup d'œil à sa montre : C'était l'heure.

La veille, Alec avait du dire au revoir à Keylian. Ce dernier s'étant envolé pour les Etats-Unis, le temps d'une petite semaine durant lequel, il exercerait son travail de photographe. Il lui était presque insurmontable de se séparer de son mari après les histoires qu'ils venaient de vaincre mais ils n'avaient pas eu le choix et c'était également un élan pour sa carrière professionnelle. Aucun des deux ne pouvaient passés à côté de ça. Par malchance, Alec n'avait pas pu l'accompagner. Elle ne pouvait malheureusement pas se permettre de quitter ses deux emplois le temps d'une semaine. Elle était indispensable aux côtés de Maxine, sa collègue, à l'université de la ville, qui plus est, était enceinte et ne pouvait gérer une semaine à temps plein. Enfin, ça lui était impossible. C'est le coeur serré qu'elle dû quitter son époux à deux pas d'embarquer. Cette semaine s'annonçait donc avide de tout, car sans lui, elle avait réalisé qu'elle n'était rien. Au moment où il décolla, elle ne s'était imaginée que Loris tenterait de combler cette absence...

Le lendemain seulement après son départ, Loris l'invita le soir même à le rejoindre à la plage. Tout avait été synchronisé à la perfection, Keylian n'était pas là et Alec n'avait pas croisé Loris depuis leur réconciliation. Oui, depuis, tout s'était apaisé sous le dos de Keylian qui n'était au courant de rien du tout. Il ne savait même pas pourquoi Alec avait réellement avorté, et ne savait pas non plus qu'elle sortirait, ce soir-là avec le garçon qui l'avait mit enceinte une petite dizaine d'années plus tôt. Et c'était mieux ainsi. Bien qu'Alec ne faisait rien de plus que discuter avec Loris quand elle le retrouvait, elle ne souhaitait pas aborder cette conversation avec Keylian. De plus, le fait que Loris et Alec avaient tous des deux, décidés de ne plus parler des années passées, rebuté un peu plus Alec. Elle avait pourtant confiance en l'amour que Keylian pouvait lui porter, et elle ne doutait pas de sa facilité de compréhension mais elle ne voulait pas. C'était un choix qui lui permettait de se sentir coupable malgré tout mais bien mieux que s'il était au courant. Elle ne lui mentait pas, elle lui cachait juste ce qui n'était pas facile à entendre, c'était très différent.

La journée défila à toute vitesse et la tombée de la nuit arriva à vive allure. Elle n'avait pas oublié l'invitation de Loris et elle était toujours décidée à s'y rendre. Elle avait ruminé déjà toute la journée dans le loft, seule, à se remémorer le départ de Keylian, c'était suffisant. Bien que les paupières tombantes, la jeune femme parcourut la pièce principale en direction de la salle de bain pour se remettre en état. Elle passa simplement un filet d'eau sur son visage, s'essuya et s'attacha les cheveux. Ce soir, elle ne devait plaire à personne, ni même à son subconscient. Enfin, elle enfila un jean simple à coupe droite et un t-shirt tout aussi simple. Alec enfila ses ballerines usées et déposa un gilet sur ses épaules. Ses clefs en main, elle quitta la loft. Le loft se situant à deux pas de la plage, elle ne perdit pas une seconde à s'y rentre à pieds. Là-bas, Loris devait déjà l'attendre. Trois petites minutes plus tard de marche, elle se retrouva nez à nez à la plage du sud de Sydney. Comment elle l'avait prédit, Loris se trouvait déjà là. Elle remarqua sa carrure masculine à travers les personnes encore présentes sur le sable. Sans perdre une seconde, elle traversa l'allée de sable, après s'être déchaussée de ses ballerines. Désormais à une vingtaine de centimètres du garçon, elle prit la décision de la surprendre par derrière et posant brusquement ses mains sur ses épaules. « Tu as eu peur ? » dit la jeune femme, souriante. « Comment tu vas ? » demanda-t-elle alors en contournant le garçon pour se retrouver face à lui.

Bien sûr que Loris était en avance, bien sûr qu'il était à l'heure. C'est lui qui avait pris l'initiative d'inviter Alec, alors il allait pas se mettre en retard. C'est pour ça qu'il était prêt bien avant l'heure qu'il avait donné à la jeune femme, et même bien avant d'arriver à la plage, il avait fait un grand détour pour arriver ici, juste pour être moins nerveux. De plus, il savait pertinemment que si il restait aussi nerveux, il allait fumer et pour quelqu'un qui essaye d'arrêter de fumer, c'est pas génial. Il avait beau savoir que si en toutes ces années il n'avait pas réussi à arrêter, c'est pas maintenant qu'il allait réussir, mais il continuait cependant d'essayer, c'était l'unique combat de sa vie en ce moment. Enfin. Loris avait finalement craqué, mais rien ne lui importait, tant qu'Alec venait, quelque chose qui était très peu sûr aux yeux de Loris. Certes, il l'espérait, mais est-ce que cela allait tout faire ? Non, surement pas, Loris n'avait que espérait une bonne volonté de la part d'Alec.

Loris attendait alors sur la plage, le regard rivé sur l'océan, il n'entendit aucun pas derrière lui, c'est vrai que les pas dans le sable ne sont pas vraiment perceptible. C'est pour ça que Loris ne put s'empêcher d'être surpris par l'arrivé d'Alec, elle déposa ses mains brusquement sur les deux épaules de Loris qui sursauta légèrement. « Tu as eu peur ? » demanda alors la jeune femme un grand sourire sur le visage : Loris reconnut sans aucune difficulté la voix si douce et si apaisante que celle d'Alec. « Comment tu vas ? » La jeune femme se plaça lors devant Loris. C'était bien elle : elle était venue. Loris était vraiment ravi. Il lui sourit alors. « Bien, et toi ? » Il lui retourna alors la question, elle semblait vraiment bien, elle avait peut-être un peu le cafard à cause du départ de son mari, et c'est surement pour ça qu'elle s'était finalement pointée à l'invitation de Loris. Ça doit être ça l'amour, le grand, le vrai. Ce manque si présent à chaque éloignement. Cet amour qui donne des ailes quand on est ensemble, et qui nous fait perdre tous nos moyens quand la distance entre nous devient trop grande.

Pour Loris, c'était une bonne manière de commencer la conversation, leur relation avait beau s'être apaisées, ils n'étaient pas encore prêt aux discutions à cœur, ni quoi que ce soit dans le genre, de toute manière, c'était loin d'être le genre de Loris, il préférait pas parler de lui, il avait toujours eu ce problème, jamais vraiment ouvrir son cœur, ni jamais parler de ce qu'il pensait. Les seules personnes à qui il ne s'était jamais vraiment confié c'était ses sœurs sans hésiter une seconde, bien sûr. Certes, il ne s'ouvrait pas beaucoup, mais c'était le mieux qu'il pouvait faire, et surtout le mieux qu'il avait jamais fait. Et c'est bien parce que ses sœurs le connaissaient par cœur et savaient absolument comment le pousser à parler, surtout sa sœur aînée, Dylan, l'aîné de la famille. Elle l'avait vu grandi, elle avait 6 ans à sa naissance, et elle avait pu assister à toute sa vie, elle avait toujours été derrière lui, même après son propre déménagement de la maison familiale, et même après celui de Loris. Seulement, maintenant que Loris avait quitter leur Canberra natale, c'était bien plus dur pour elle de rester derrière lui comme toutes bonnes grandes sœurs. Enfin, Loris avait voulu trouver un début de conversation neutre qui les mettrait tout deux, dans une bonne position, qu'ils ne soient pas mal à l'aise, comme l'était actuellement Loris. Oui, il était mal-à-l'aise, il était tellement gêné face à Alec, tellement. Il n'osait pas la regarder dans les yeux, il était en train de le fuir, souvent à le poser sur l'océan. Alec n'était pas là depuis longtemps, mais Loris était déjà mal à l'aise.

« Tu as mangé ? » demanda alors Loris rapportant alors son sac qui contenait deux sandwich, un peu plus haut pour le mettre dans le champs de vision de la jeune femme.

Alec était arrivée à la plage après quelques minutes de marche seulement. A son arrivée, elle ne manqua pas de reconnaître aussitôt son ex petit ami, Loris, presqu'au bord de l'eau. Par évidence, il était seule puisqu'il l'attendait depuis un petit quart d'heure déjà. Alec s'approcha et en vint même à lui donner une frayeur et le surprenant par derrière. Une bise sur sa joue plus tard, elle lui demanda poliment s'il allait bien. Ce dernier ayant répondu que oui, il retourna lui retourna la question. « Bien aussi. » Oui, Alec allait bien. En dépit du départ de Keylian, elle allait bien. Elle était en forme physiquement, un peu moins moralement mais ça allait. Loris allait peut-être réussir à combler ce vide le temps d'une soirée ? Alec décida alors de s'asseoir sur le sable doux de la plage. Avant ça, elle posa son gilet afin d'éviter de salir son jean. D'un geste insistant, elle demanda à Loris de la rejoindre. Ainsi, ils étaient mieux pour papoter et dans cette positions, les deux amis pouvaient contempler le paysage qui s'offrait généreusement à eux. C'était idyllique. Le soleil se couchait lentement sur l'eau presque plate et le peu des nuages qui paradaient le ciel, devenaient un à un, de couleur orange.

Loris s'exécuta. Il n'allait pas rester debout à ses côtés alors qu'Alec était assise. Il s'installa à quelques centimètres de la jeune femme. A peine installés, Loris tendit légèrement un sachet où se présentait de quoi manger. Il lui proposa même l'un des sandwich avant de lui demander si elle avait déjà dîner. La tête tournée en sa direction, un petit sourire au coin de ses lèvres, elle répondit : « Non... Oui, enfin, non. Mais je n'ai pas faim. Je te remercie d'avoir pensé à moi. » Habituellement gourmande de nature, elle aurait accepté n'importe quoi à n'importe quel moment de la journée. A chaque fois qu'elle en avait l'occasion, Alec mangeait. Mais ce soir-là, Alec n'avait pas d'appétit. Même avant de partir, elle n'avait pas engloutit la moindre cochonnerie. Elle repoussa alors gentiment ce qui lui était proposé.

Le soleil s'était abattu à vitesse éclair et laissa derrière lui un vent frais. La jeune femme commença à grelotter, malgré elle. « J'ai un peu froid... » avoua Alec. A ces paroles, elle n'attendait rien de sa part, ni qu'il vienne l'entourer de ses grands bras, ni qu'il lui prête sa veste. Dans tous les cas, elle n'accepterait aucun des deux. Enfin, la jeune femme tenta de se réchauffer tant bien que mal en frottant de bas en haut ses bras. Cette pratique faisait effet un instant et ça recommencer. De cette manière, elle arrivait à tenir. « Tu voulais me voir pour une raison particulière Loris ? Ou... juste comme ça ? » demanda la jeune femme légèrement sur la défensive avant qu'un blanc ne s'installe. Elle qui détestait les vide dans les conversations et très bavarde de nature, elle ne pouvait pas laisser tourner la conversation au silence... Ils avaient beau s'être dit qu'ils ne reparleraient plus des années passées, Alec ne pouvait s'empêcher de prendre ses gardes face au garçon. C'était instinctif, ces choses ne se décidaient pas.

« Bien aussi. » La jeune Alec assura alors à Loris qu'elle allait bien. Sans attendre beaucoup de temps, Alec s'assit sur le sable fin, c'est vrai qu'ils n'allaient pas rester tout leur temps debout. La jeune femme avait bien raison de s'assoir, d'un geste insistant, elle incita Loris à s'assoir lui aussi. Loris l'écouta et s'assit à son tour sur le sable fin. La chaleur du sable disparaissait peu à peu, et cela se ressentait facilement, car le sable était maintenant à la température de l'air. Dès qu'il fut installé dans le sable, Loris présenta alors le sac plastique à la jeune femme, il lui demanda alors si elle avait la mangé. La jeune femme sourit, et finit par répondre négativement : « Non... Oui, enfin, non. Mais je n'ai pas faim. Je te remercie d'avoir pensé à moi. » La jeune femme repoussa alors le sac que lui tendait Loris, Loris haussa alors les épaules d'un air "tant pis". Il déposa alors le sac sur le sable, tant pis si il a un peu de sable dans les sandwichs, Loris fera avec, quand il les mangera. Il décida de les garder pour le lendemain, il n'allait pas non plus les manger devant la jeune femme alors que celle-ci ne mangeait pas. Certes, elle n'avait pas faim, mais bon, c'était une question de tenue, de politesse, et puis, c'est pas comme si Loris mourait de fin à se moment précis.

Loris déposa alors son regard sur la mer, le soleil était quasiment couché à cet heure-là. Surement aurait-il du donner rendez-vous plutôt à la jeune femme, pour pouvoir profiter un peu du soleil, et pas seulement du noir de la nuit et du bruit apaisant de l'océan. Mais, avec le soleil partait la chaleur, oui. La température dégringolait rapidement. Et la pauvre Alec commençait à grelotter « J'ai un peu froid... » avoua t-elle entre ses dents. La pauvre. Loris lui aurait bien proposé sa veste, mais il se doutait que la réponse de la jeune femme aurait été négative, c'est vrai après tout, ils avaient beau avoir des relations apaisés maintenant, mais les choses restaient tout de même tendues, et c'était même un peu malvenu de sa part, il ne voulait pas non plus qu'elle se méprenne, donc il n'osa pas, il se contenta de poser une seconde son regard sur la jeune femme, pour le reposer la seconde d'après sur la mer. « Tu voulais me voir pour une raison particulière Loris ? Ou... juste comme ça ? » demanda alors la jeune femme rompant alors le court silence qui avait commencé à s'installer. Loris déposa une nouvelle fois son regard sur la jeune femme. Il se décala un peu sur le sable et se tourna alors entièrement face au profil de la jeune femme, ramenant ses jambes en tailleur.

« Juste comme ça ... » déclara alors Loris. Il reprit alors rapidement. « Mais, si tu veux, tu peux partir. » finit alors Loris. Il savait que la jeune femme était bien au courant qu'elle était libre de faire ce qu'elle voulait et heureusement, mais Loris ne voulait pas qu'elle se sente gênée de partir, qu'elle se trouve impoli. Le jeune homme se doutait bien qu'Alec ne trouvait pas forcément un énorme plaisir de se retrouver là avec lui, elle avait toutes les raisons de ne pas vraiment apprécier.