Ouvrant la porte, un sourire aux lèvres, la vue de ce visage me fit souffrir et déchanter bien rapidement, Adam William Whitfield, une vague de douloureux souvenirs s'emparant de mon esprit, je ne savais pas comment réagir, comment me protéger de cet individu qui avait pourtant partagé ma vie, pour qui j'avais pris la peine d'abandonner ma famille au profit d'une vie a priori meilleure, avec qui je m'étais mariée et dont j'avais désormais horriblement peur. C'était impossible, je ne voulais pas revivre quoi que ce soit de similaire à la dernière soirée que j'avais passé à ses côtés. J'avais mal, affreusement mal, comme l'impression que quelque chose était en train de me creuser l'estomac, je finis par lâcher un cri à moitié étouffé, la gorge bien trop serrée pour parvenir à faire un son réellement audible, les larmes commençant à me monter aux yeux tout en priant pour que le Seigneur m'épargne de nouvelles souffrances, la respiration saccadée je finis par faire mon possible pour me reculer au maximum de cette personne coupable de ma vie désormais misérable, posant mes mains sur mon ventre je ressentais de nouveau la douleur que j'avais due subir lorsque je sentais l'enfant grandissant dans mon ventre périr à cause des coups que mon ancien conjoint m'infligeais. Il fallait que je parte au plus de vite de cet endroit, j'avais quitté le continent Américain pensant que la vie serait meilleure en Australie, je m'étais trompée, il était revenu, il m'avait retrouvé, je n'étais plus en sécurité et je ne le serais plus jamais. L'intégralité de mes membres tremblant frénétiquement je finis par tomber à la renverse, mon corps percutant de plein fouet la table basse dont les débris de verre s'éparpillèrent, « Je t'en prie, laisse-moi. » suppliais-je à travers un murmure, je ne parvenais plus à bouger une quelconque partie de mon corps j'étais bien trop paralysée par la peur, j'espérais juste que cette fois-ci il partirait sans poser la main sur moi, les coups que j'avais déjà dû subir par sa faute était toujours imprégnés sur ma peau, mon corps était parsemé de plusieurs ecchymoses permanentes et j'avais déjà assez souffert, je ne voulais pas y avoir encore le droit, je ne pouvais pas surmonter une épreuve aussi atroce mais je n'avais pas la force pour saisir le téléphone fixe se trouvant à quelques mètres à peine de mon visage et pourtant, j'avais besoin d'aide. C'est alors que je finis par perdre l'intégralité de mes moyens, la peur se mélangeant désormais à la rage, je finis par éclater en sanglot, parvenant enfin lâcher un hurlement des plus douloureux à entendre, j'hurlais à la mort, espérant que quelqu'un de l'immeuble me vienne en aide face à mes cris.

Dieu sait à qu'elle point je l'avais pourtant aimé, j'avais toujours été prête à tout pour lui, j'étais comme persuadée qu'il était l'homme de ma vie, mais ceci n'avait été qu'une illusion. Je me souviens encore du jour de notre mariage, cette magnifique robe blanche que j'étais terriblement fière de porter, ce jour-là j'aurai pourtant juré qu'il était sincère lorsqu'il avait prononcé le fameux "oui je le veux", mais finalement je doute qu'il fut réellement honnête à un quelconque moment. Par la suite, était venu le moment où j'étais là, à lui annoncer le fait que j'étais enceinte, je me souviens encore de sa réaction, il semblait tellement fou de joie, tellement amoureux aussi, mais bien vite mes espoirs quant à la création d'une famille unie et chaleureuse furent vite brisés, la dernière soirée passée à ses côtés est impossible à oublier, je me souviens de ses moindres faits et gestes, de ses paroles me blessant au plus haut point, du moins jusqu'à ce que je finisse par perdre connaissance face à autant de brutalité de sa part, je n'étais pas assez forte pour résister et encaisser tous ses gestes violents, par la même occasion, ma grossesse ne fut pas mise à terme, celui qui aurait dû être notre fils finit par périr à sept mois de grossesse par la faute de son propre père. Quoi de plus douloureux que de perdre durant la même soirée deux personnes importantes à mes yeux ? J'avais perdu mon fils et mon conjoint, j'étais désormais seule à devoir affronter mes problèmes, à devoir affronter la vie tout entière et l'injustice dont j'avais été confrontée, j'en voulais à la terre entière et à moi-même également. Vous ne pouvez pas savoir à quel point revoir le visage du soit disant "homme de ma vie" me faisait mal, malgré toute la haine que je portais à son égard j'étais strictement incapable d'oublier les bons souvenirs que j'avais passés à ses côtés, les moments où il me soufflait de douces paroles dans le creux de l'oreille, où il semblait m'aimer comme un fou, mais ce qu'il m'avait fait endurer était également impossible à oublier et même si j'avais tenté de lui trouver des excuses expliquant son comportement, cela restait tout de même impardonnable et tellement douloureux à mes yeux, cependant je ne pouvais pas entièrement mettre une croix sur l'amour que j'avais à son égard et ce malgré notre divorce.

Je finis alors par fermer les yeux, mon corps toujours étendue le long du sol, j'ignorai la raison pour laquelle il était là et j'aurai préfèré ne jamais le savoir, mais c'était trop tard, il m'avait retrouvé pour très probablement se venger d'un tas de choses. Il m'arrivait régulièrement de penser à ce que serais ma vie s'il n'avait pas été dépendant à l'alcool et la drogue, peut-être que nous serions en plein dans notre quatrième année de mariage en compagnie de notre fils s'épanouissant un peu plus chaque jour à nos côtés, mais ceci n'aura au final jamais était le cas et c'était plutôt dur à accepter, mais aujourd'hui, j'avais comme la vague impression que les rôles étaient échangés et pour cause, j'étais désormais une grande consommatrice de poudre blanchâtre portant le nom de cocaïne, il faut avouer que j'étais facilement influençable et une de mes proches amie n'avait pas eu trop de mal à me convaincre d'essayer puis d'en prendre de manière régulière en m'affirmant que cela ne pouvait que me faire du bien, et elle n'avait pas eu tord, cependant je ne parvenais pas à m'échapper de ce cercle infernal concernant la drogue dure et au final, je devenais de plus en plus faible mais c'était le seul moyen que j'avais trouvé efficace pour oublier mes malheurs le temps de quelques heures en plus de mes antidépresseurs, tout ceci était néfaste pour ma santé et j'avais parfaitement conscience que j'étais en train de mourir à petit feu mais je ne faisais rien pour y remédier, au contraire, je ne voulais pas continuer de me forcer à affronter la vie, j'avais fait trop d'effort pour au final n'avoir rien en retour, je ne pouvais pas continuer ainsi, je voulais partir, définitivement ... Périr.

J’avais passé quatre jour enfermer dans une chambre d’hôtel avant de me décider à enfin aller la voir. Son adresse dans ce morceau de papier qui ne quittait à présent plus ma main. Comment allais-je la retrouver ? Comment allait-elle réagir face à moi ? Serait-elle contente ou au contraire… effrayée car je l’avais retrouvée ? Je me posais beaucoup trop de question pour réfléchir calmement, alors j’avais vidé ma tête. Je ne pensais plus à rien sauf à mon envie. Mon envie de la voir et de lui montrer à quel point j’avais changé. Du moins de celui qu’elle avait vu pour la dernière fois. J’étais redevenu l’homme qu’elle avait aimé dès le premier regard échangé, et je voulais qu’elle se rende compte de ça, mais également qu’elle sache que je l’aimais toujours. Après quatre jours, je me suis dit qu’il était temps, que je devais peut-être même arrêter de réfléchir et juste agir, comme je l’avais un peu toujours fait. Durant ces quatre jours, j’avais pu parcourir la ville, histoire de mieux la connaître, de ne pas me tromper de chemin. C’est comme ça que j’avais repris le bout de papier où était notée son adresse. Monter dans ma voiture et rouler jusqu’à chez elle.

Mais là, j’ai dû poireauter deux bonnes heures environ avant de m’obliger une seconde fois à m’approcher encore un peu plus d’elle. L’endroit où elle vivait était… Je n’avais pas vraiment de mot, je me fichais où elle vivait, avec qui, comment. Quoique non ! Je voulais tout savoir sur elle, tout savoir sur ce qu’il lui était arrivé pendant tout ce temps. Je voulais savoir et connaître notre enfant. J’étais excité et anxieux en même temps, j’avais peur. Peur de comment elle pourrait réagir face à ma présence. On m’avait plus au moins raconté la dernière nuit que j’avais passée en sa compagnie, avant de me faire arrêter. J’avais été violent, beaucoup trop violent, que je ne me souvenais pas. Je n’avais aucun souvenir de cette dernière nuit à ses côtés. Et je détestais cela. Comment en étais-je arrivé à ce point là ? Comment avais-je pu lever la main sur elle ? La drogue et l’alcool m’avait complètement changé. Je me haïssais chaque jour pour le mal que je lui avais fait, je n’arrivais pas à me pardonner, et je le ferais pas avant qu’elle, elle me pardonne. Du moins, si elle le fait un jour.

Je décidai enfin à sortir de ma voiture pour me rendre devant sa porte d’entrée, je soufflais un bon coup avant de sonner et d’attendre que quelqu’un vienne m’ouvrir, c’est là où je me rendis compte, que je ne savais même pas si elle avait quelqu’un dans sa vie ou pas, et que si oui, cet homme pourrait être celui qui vienne m’ouvrir. Mais avant que je me décide à partir, j’entendis le cliquetis de la porte, trop tard. J’essayais de respirer calmement quand je la vu elle, oui c’était bien elle qui se trouvait en face de moi, mais le sourire qu’elle avait au visage quand elle avait ouvert, venait subitement de disparaitre laissant place à la terreur. Oui, c’était bien de la peur que je lisais sur son visage, je fronçais les sourcils alors qu’elle s’éloigna de moi pour tomber à terre. Je ne comprenais pas, je ne savais pas ce qu’il se passait exactement. Pourtant les faits étaient bien là. Elle avait peur de moi. Peur du mal que je pourrais lui faire.

« Janet… Je… »

Je ne savais pas quoi lui dire, elle me demanda de la laisser. La laisser ? Me suppliant même. Je n’en revenais pas et en même temps, à quoi m’attendais-je ? A ce qu’elle me saute dans les bras, m’embrasse et que je lui fasse l’amour follement si ce n’est pas sur place là devant l’entré ! Non… Tout ne se passe jamais comme prévu. Elle avait peur de moi, peur de l’homme que j’étais la dernière fois qu’elle m’avait vu. J’avais changé et elle ne le savait pas. Du moins, pas encore car je comptais bien le lui montrer, le lui prouver coûte que coûte ! Dieu, comme je la voulais, comme je voulais la serrer dans mes bras. Malgré cette peur que je lisais, elle était toujours aussi belle. Elle avait certainement maigris, cela se voyait, sur le coup, je ne fis pas vraiment attention au signe. A ces signes qui ne m’auraient pas trompé si elle avait été comme ça il y a quelques années. Mais je n’avais pas touché à la drogue depuis des mois et des mois, ce qui me paraissait une éternité pour ma part. Je ne fis pas attention, car j’étais bloqué par ce qu’il se passait. Par la façon dont elle réagissait. Je me raclais la gorge avant d’entrer dans la pièce et de me baisser pour être à son niveau.

« S'il te plaît… Laisses moi te parler… »

J’approchais ma main doucement vers la sienne pour la prendre dans la mienne, je la regardais, ne quittant pas ses yeux, rien qu’avec mon regard, je voulais lui montrer qu’elle n’avait pas de quoi avoir peur, que j’étais clean, sobre. Que j’étais l’Adam d’avant. Celui qu’elle avait aimé… Celui qu’elle avait épousé.