X n’a jamais été le garçon le plus facile. Il n’a jamais aimé les études, toujours préféré les sorties avec ses amis plutôt que de se construire une vie digne de ce nom. Ses parents ont divorcé quand il était plus jeune et contrairement à ce que l’on pourrait penser, ça n’a pas fait que son malheur. Ensuite, même si le reste assez libre, il y a quelques petits points à respecter, comme le fait qu’il ne s’est pas toujours bien comporté avec les gens qui l’entourent, détestant la simple idée qu’une personne puisse s’attacher à lui. Il s’est toujours considéré comme le dernier des ratés, auquel il ne faut pas prêter attention alors que son comportement pourrait faire penser tout le contraire. Avant Loan, il a eu d’autres aventures. Eventuellement, il a pu avoir une relation de longue durée avec quelqu’un, mais ça se serait mal terminé. Mais ce n’est pas obligatoire. Depuis qu’il a croisé la jeune femme, il ne sait plus exactement où il se trouve. Cependant, il est certain d’une chose ; il ressent bien quelque chose pour elle. Et ce baiser d’il y a peu, le laisse dans tous ses états, surtout qu’elle n’a pas pris la peine de le rappeler encore.

On n’imagine pas, un jour, avoir l’occasion de croiser une personne qui peut tout changer. Qui peut même vous changer. Je n’ai jamais été le spécialiste pur et simple de ce genre de relation. Juste un petit con qui prétendait ne pas avoir de cœur, ne pas pouvoir aimé une fille pour ce qu’elle est, mais bien pour ce qu’elle aurait eu à m’offrir. Loan, je ne sais pas, elle est différente des autres. Dans le bon sens du terme, évidemment. Il y a cette lueur dans les yeux qui me donnent envie de la serrer constamment dans mes bras, la douceur des traits de son visage qui ne demandent qu’à recevoir mille baisers. Le plus incroyable dans tout cela ? C’est ce que je ne pense pas qu’elle sache qui je suis alors que de mon côté, je sais beaucoup sur son compte. Ce n’est plus vraiment un mystère pour moi, ni même quelqu’un que j’aurai croisé par pur hasard au beau milieu d’une rue, qui m’aurait tapé dans l’œil et dont la présence ne m’aurait pas du tout manqué. Au contraire, quand je ne la croise pas une fois dans la journée, je me sens dépourvu de tous mes sens. Un peu comme si mon corps en entier avait besoin de la sentir près de moi, ressentir ses yeux se poser doucement sur moi quand j’ai l’occasion de la croiser à une soirée. Ou peut-être même que tout arrive. Je n’en sais trop rien en réalité.
« Attends, je t’ai déjà vu traîner dans les parages toi non ? » Donc, comme ça, elle avait remarqué ma présence. Aussi anodin que cela puisse paraitre, j’en étais ravi. « Oui, je suis étudiant. » J’ai vu un sourire illuminé son visage. La musique tambourinait tout autour de nous. Pourtant, je n’entendais qu’elle, je ne voyais qu’elle. Où étais-je donc passé ? Pourquoi n’étais-je plus le même depuis la première fois que mes yeux se sont posés sur elle. « Tu viens danser alors ? » Elle prit délicatement ma main, m’amenant sans doute sur la piste de danse et commença, de manière très simple, à danser contre moi, près de moi, pour moi. Du moins, c’était l’impression que j’en avais. Je ne pouvais m’empêcher d’avoir envie de la toucher, sans cesse, comme pour mieux réaliser qu’il ne s’agit pas d’un rêve absurde, l’un de mes fantasmes irréalisables. Lorsque je sentis son étreinte autour de moi, je me rendis compte que ce n’étais rien de tout cela. « Je t’avais déjà vu. Je ne savais pas comment t’aborder. » Cette révolution me donna un espèce de sourire niais sur le visage, incapable de répondre quoi que ce soit. Notre danse ne reflétait absolument pas le rythme de la musique et pourtant, je la tenais fermement dans mes bras. Je craignais que quelqu’un me l’enlève. Plus tard, j’ai abandonné ma bande d’amis pour être avec elle. Je supposais alors qu’elle avait fait de même. Je m’étais surpris à lui demander si elle ne voulait pas que je la raccompagne chez elle. Sans hésiter, elle avait accepté. Un sourire dessiné sur le visage en prime. Alors nous nous sommes contentés de marcher l’un à côté de l’autre, comme deux personnes qui apprendraient à se connaître de la plus simple des manières. D’un seul coup, elle s’arrêta. « Quelque chose ne va pas Loan ? » lui demandais-je, un peu inquiet tout de même. « Tu connais tout de moi n’est-ce pas ? Je n’ai jamais mentionné mon prénom. Tu me tourne autour depuis combien de temps au juste, histoire que je sois quand même au courant ? » Sa question me désarçonnait complètement. « Ne dis rien. » Je pensais à tout à ce moment-là, le fait qu’elle puisse s’en aller en tournant le dos me paraissait être une hypothèse plus que valable. Au lieu de ça, j’ai senti le parfum délicat de ses lèves contre les miennes. Croyez-le ou non, ce baiser fut le plus beau de tous ceux que j’ai eu l’occasion de connaître.