L'obscurité m'angoisse, me paralyse. Là-bas, au fond de la pièce, mon miroir trône. Mon pire ennemi à ce jour. Mes yeux clos, des formes claires se dessinent, preuve d'une incapacité à me relaxer, me calmer. Je les ouvre et hurle. Je suis en sueur, et devant moi rien. Encore une hallucination ? Je n'en sais rien. J'allume. La pièce est vide. Un lit dans lequel je me trouve. Un miroir, un bureau et juste une salle de bain annexée. Je me lève et bascule en arrière, retombant sur mon lit. Titubant, je tente une deuxième marche jusqu'à mon porte manteau. Je prends ma veste et, rasant le mur, la place sur mon miroir afin de le dissimuler. Je n'en peux plus de voir mes bras. Bleus, maigres, piqués. Mes jambes m'insupportent. Ma tête ne me va pas non plus. Je suis maigre, des cernes maquillent mon visage et j'ai le teint blafard. Je n'ai même plus besoin de me regarder dans une glace pour le savoir. D'ailleurs, cela fait plusieurs jours que je ne l'ai pas fait. Je ne vois plus très net. J'ai mal au crâne et mes mains tremblent. Serais-je en manque ? Non, impossible. J'avais pris une dose avant de me coucher. Dans le doute, j'y retourne. Le sachet est là. Je le retourne et le contenu se déverse sur la table. Avec ma paille, je dispose en ligne. Irritant, douloureux, rassasiant, plaisant. La poudre vient en moi et je peux sentir chaque grain, chaque particule agir sur mon corps, ma tête. Je me tiens au mur et m'allonge sur le sol. Je me sens mal et impossible de faire passer. Mes yeux se ferment mais je veux les garder ouverts. Mon miroir est à mes côtés, il semble se foutre de moi. Je suis certainement folle. Je parle d'un miroir à pieds. Je souris mais ne sais pas pourquoi. Comme une enveloppe noire vient m'entourer. Elle m'emmène dans une totale obscurité. Et là, je la revois. Bliss. Elle me manque tellement. Elle semble parfaite, belle, intelligente. Elle est toujours aussi jeune que quand je l'ai laissé. Des spirales s'offrent alors à moi. Je suffoque. Je tousse. J'ouvre les yeux, j'y arrive. Un bruit sourd me dérange. Je vois des personnes toutes aussi drôles les unes que les autres. Je me sens convulser. Étrange. Orgasmique. Une onde parcourt mon corps et je me sens bouger. Puis plus rien. Je suis immobile et je ne peux bouger. Je sens des mains sur mon estomac. Je veux les retirer mais je n'en ai pas la force. J'articule à peine et sombre dans un mutisme et une incapacité à bouger.
Des fleurs. Je vois des fleurs. Elles sont jolies. Mais je n'en ai pas chez moi. Je lève la tête et me lève. Je perds l'équilibre et me retrouve face à une lumière aveuglante. Un pompier est là, il me regarde. "... Overdose ... Quelqu'un? .. Famille ... bien?"
Je ne capte pas tout. Je reprends peu à peu mes esprits. J'ai fait une connerie. Il est noir, le ciel. Il fait nuit et pourtant je dois me rendre quelque part. Je veux la voir. Ma raison de vivre. Je ne suis pas victime d'automutilation. Je suis victime d'un suicide. Pas à proprement parler mais ce jour ou je l'ai donnée, j'ai tout perdu. J'ai perdu ma raison de me lever, ma raison d'arrêter la drogue et les coups d'un soir. Je dois la revoir. J'assure que je vais bien, et tente de partir. On m'en empêche. Je les convaincs et leur dis même de m'envoyer un psy si ils le veulent... Je dois aller la voir et quoi que ce con en dise. Je sors de l'hôpital et marche. Je vais y aller à pieds. C'est mieux. Je ne sais pas à quoi je ressemble, mais j'ai mal au crâne, je me sens très mal. Je me rends dans des toilettes publiques et m'asperge d'eau. Je m'attache les cheveux et je repars. Je vais vers elle, vers l'être sans qui ma vie est désastre. Je serais une bonne mère. Je veux m'en convaincre. Je peux y arriver... Je ne sais pas où chercher mais je la trouverai.