Dans la vie, il y a des choses que l'on regrette, des choses dont on a honte, d'autres encore qui nous tombe dessus sans prévenir, on se les prend pleine gueule et ça à beau nous faire mal, nous détruire, on est obligé de vivre avec, de les accepter sans s'en plaindre. Andy à toujours vécu avec la maladie de sa mère, il l'a souvent connu faible, allongé dans son grand lit aux draps blanc, et les quelques jours de lucidité qu'elle affrontait sans relâche, elle les passait sur son canapé, devant la grande baie vitrée du salon qui donnait sur une vue imprenable de leur cour extérieure. Mme Pryce avait longtemps rêvé d'une vie digne d'un compte de fée et c'est en épousant John Pryce qu'elle vit son rêve devenir réalité. Il était issu d'une grande famille bourgeoise et avait hérité de la fortune de ses parents, il était en plus de cela un chirurgien reconnu dans tout le pays, ses doigts en or avaient sauvé bien des vies, mais personne n'avait été là pour préserver la sienne lorsqu'il s'était fait poignarder suite à un vol de portefeuille qui avait mal tourné. C'était bien là le défaut du futur père de famille, les ordres, il ne les acceptait que dans le milieu professionnel, alors lorsque deux adolescent à peine âgé de 18 ans lui avaient demandé de vider ses poches, il avait préféré les affronter plutôt que de leur obéir. Bien évidemment, il ne s'attendait pas à ce que l'un d'entre eu sorte un canif de sa manche pour le poignarder à deux reprise avant de prendre les trois malheureux billets que M. Pryce avait gardé sur lui. Élisabeth Pryce qui attendait à ce moment son premier enfant fut plus que bouleversé en apprenant la mort de son mari. Les quelques mois qui précédèrent son accouchement, elle était tombée dans une grave dépression, mettant en danger la vie de son futur bébé et la sienne par la même occasion, mais la situation devenue plus que critique lorsqu'elle mit Andy au monde. Malgré les nombreux médicaments qu'elle avait pris durant sa grossesse, son enfant se portait bien, mais ce n'était visiblement pas son cas. Épuisé par les événements, elle tomba gravement malade et ne s'en releva jamais.

Cela faisait quelques mois qu'Élisabeth Pryce avait fini par rejoindre son mari suite à une crise cardiaque survenue durant son sommeil. Personne n'avait rien put faire, pas même les quelques infirmières qui restaient à son chevet des journées entières pour surveiller l'évolution de son état qui se faisait de plus en plus inquiétant. Andy avait alors vue sa mère mourir sous ses yeux. Il n'était pas rare qu'il se réveil en pleine nuit à cause des crises d'angoisses de sa mère qui le sortait du sommeil dans un hurlement strident. Mais ce soir-là, il avait senti que quelque chose d'inhabituel se produisait dans la chambre de l'infirme. Le jeune garçon âgé de six ans seulement s'était alors levé calmement pour traverser le long couloir et était resté sur le pas de la porte de chambre, observant le personnel s'activer pour essayer de réanimer sa mère, mais ils avaient beau tenter de faire repartir les battements de son cœur, elle restait figé, les yeux clos et le visage creusé. Andy n'avait pas pleuré et bien que ces images hantaient encore aujourd'hui son sommeil, il avait trouvé que c'était mieux ainsi, pour elle comme pour lui. Il était jeune, mais déjà plus intelligent que ses camarades de classes. Il savait donc que la maintenir en vie n'aurait fait que de prolonger sa souffrance et la voir dans cet état, Andy le supportait que de rare fois. Il éprouvait beaucoup de respect à son égare, parce que c'était sa mère, mais aussi parce que malgré la maladie, elle avait toujours tout fait pour son fils. Même après sa mort, elle s'était assurée qu'il puisse vivre généreusement sa vie. Maintenant orphelin, Andy fut confié à celle qui c'était occupé de lui depuis qu'il était né. Elle s'appelait Maria, une femme d'une quarantaine d'année qui avait toujours pris soin de l'enfant avec amour, mais Andy ne l'aimait pas tellement, elle était trop stricte à son goût.

Andy, c'était un vrai petit ange. Bon élève en classe et garçon discipliné avec ses camarades, il se faisait passer pour l'enfant model. Manipuler, c'était son jeu favoris, il fallait voir comment ses professeurs le chouchoutaient ! Alors, lorsque la classe fut complètement inondée, lorsque de la colle fut déposé sur la chaise de la maîtresse, lorsqu'une souris fut caché dans le bureau de sa voisine de classe ou encore que des sauterelles furent lâchés en plein cour, personne ne soupçonna une seule fois le jeune garçon au visage angélique. Lorsqu'il devint adolescent, le plaisir de manipuler ne l'avait pas quitté, il faut dire qu'il était doué pour ça, mais cela avait pris aujourd'hui une tout autre envergure. Andy, il aimait jouer avec les filles, se faire désiré, en profiter pour finir par les jeter. C'était son passe-temps favoris. L'amour, il ne l'avait jamais vraiment connu. Quelques relations s'étendaient sur quatre à cinq mois au grand maximum, mais pour aucune d'entre elles il n'avait éprouvé de véritables sentiments. C'était juste histoire de faire comme les autres, d'avoir quelqu'un avec qui passer ses nuits, quelqu'un à qui parler, quelqu'un à qui pourrir la vie. Andy était très possessif quand il le voulait et même s'il n'avait aucun sentiment pour les filles avec lesquelles il sortait, il détestait passer pour un con. Lorsqu'une fille devenait sa copine, elle pouvait dire adieu à ses amis, car pour Andy, toute approche masculine signifie une trahison, qu'il se passe quelque chose ou non. En vérité, il faisait ça pour qu'elles lui restent fidèle, mais aussi pour garder un certain contrôle sur ce qui lui appartenait. Il n'était pas jaloux, mais simplement possessif. Quand une personne lui revient de droit, il estime qu'elle n'a pas à aller fricoter ailleurs et préfère la protéger par tous les moyens que de la perdre, car oui, il trouve plus amusant de la jeter lui-même.

En grandissant, Andy à finit par se calmer. Il a cessé d'enchaîner les relations de courte durée qui ne l'amusaient plus vraiment et s'est lancé sur un terrain qu'il ne connaissait que très peu, celui de la drogue. Il prenait plus facilement son pied avec une ligne de coke qu'avec l'une de ces glousseuses de première qui ne lui laissaient pas un instant de répit. Il s'est vite fait de nouveaux amis, des ennemis aussi, mais ça en valait le coup. Il passait maintenant la plupart de ses soirées à boire, fumer, et dormir. Le sexe, ça ne l'amusait plus, du moins, jusqu'à ce qu'il se rende compte que quelque chose n'allait pas chez lui. Un soir, alors qu'il traînait dans un bar avec sa nouvelle bande d'amis, il fit la rencontre d'un garçon du même âge. Il n'avait jamais ressenti une telle attirance pour quelqu'un, encore moins pour un mec, et ça lui a tout de suite fait peur. Il essayait de se rassurer en se disant que c'était certainement dû à la weed qu'il venait de consommer, mais lorsqu'il le croisa au même endroit le lendemain, il ressentait toujours cette attirance étrange qui l'effrayait tellement. Il fallait se rendre à l'évidence, ce mec lui faisait inévitablement de l'effet et il n'y avait rien qui pouvait l'expliquer si ce n'est son penchant pour les hommes. Après quelques verres et quelques mots échangés avec cet inconnu, il décidait de l'attirer dehors, lui proposant d'aller fumer une clope. Entre eux, ça accrochait vraiment. Ils avaient beaucoup de points communs et Andy adorait les tatouages qui recouvraient les bras du jeune homme. Il avait toujours été passionné de dessin et espérait un jour pouvoir en faire son métier. Lorsqu'ils arrivèrent dans un endroit plus isolé, Andy prit son courage à deux mains et s'emparait des lèvres du garçon dans un baisé maladroit. Il voulait simplement vérifier, savoir si ça allait réellement lui faire quelque chose. Lorsqu'il se rendit compte que c'était le meilleur baisé de toute sa vie, le garçon qu'il était en train d'embrasser le repoussa violemment avant de lui envoyer son poing en pleine mâchoire. Andy repris très vite ses esprits et observa attentivement le visage du brun qui ne lâchait pas un mot. Il semblait énervé et Andy le comprenait, il aurait réagi de la même manière s'il avait été à sa place, mais lorsqu'il vit le grand brun le pousser contre le mur pour l'embrasser à son tour, il ne sut pas vraiment quoi penser. Son attirance pour les hommes se confirma alors lorsqu'il se réveilla dans l'appartement désert de celui avec qui il venait de passer la nuit. Il repensait à la nuit qu'il venait de passer, avec un mec. Il avait l'impression de devenir dingue et ne pouvait se résoudre à accepter son attirance pour les hommes. Il prit alors rapidement la fuite et marcha de longues heures en cherchant des réponses à ses questions. En vain. Il préféra oublier cette histoire et reprendre le cour de sa vie. Avouer son penchant pour les hommes était impossible à ses yeux, pourtant, cette attirance était bien présente. Par chance, il ne revit jamais le garçon avec qui il avait passé la nuit et quelques semaines plus tard, il prenait l'avion pour l'Australie.

Aujourd'hui, cela fait maintenant près d'un an qu'Andy vit à Sydney. Il exerce le métier de tatoueur dans un salon reconnu de la ville et s'est fait de nouveaux amis. Il a abandonné la drogue, du moins en partie, se contentant à présent de ne fumer que de la weed plutôt que de sniffer des railles de coke. Il est toujours aussi fêtard, mais ne parle quasiment jamais de sa vie en Angleterre. Il n'aime pas évoquer les souvenirs et encore moins repenser aux dernières semaines. Il s'est persuadé que le soir où il a couché avec un mec n'était qu'une erreur et se conforte dans cette idée dans les bras féminins de ses conquêtes d'une nuit. Il ne pense aujourd'hui qu'à vivre au jour le jour, sans se soucier du passé, mais il faut se rendre à l'évidence, le passé nous rattrape toujours.