« Arrête de me mordre l'oreille, Louhan! » Ce qu'il peut être exaspérant, parfois. Je soupire, une fois de plus, souriant en sa direction. Comment lui faire la tête une seule seconde alors que son visage ne m'inspire que des battements de coeur incontrôlables ? Sa main vient se poser contre ma joue, la caressant tendrement, impossible de lui résister désormais. Je pose mes lèvres sur les siennes, réprimant un soupire. Le matin, il est bel et bien le maître de mes moindres faits et gestes.
« Quelle heure il est ? » lui ai-je demandé de ma voix endormie, son sourire s'est dissipé, comme-ci je le ramenais à la triste et dure réalité.
« Neuf heures. Pourquoi ? » Je me redresse, repoussant le bras de Louhan qui caressait mon ventre.
« J'ai cours dans une heure. » dis-je précipitamment. Je me tire de la chaleur des draps, laissant mon corps frissonné, le regard de Louhan fixant mes courbes nues. Mes joues rougissent pendant que je rassemble mes affaires, me dirigeant vers la salle de bain. Les pas de Louhan suivent les miens, je me retourne, mon regard plongeant dans le sien.
« Ton corps, reste loin du mien. OK ? » Non pas que je connaisse Louhan par coeur, mais sur ce point, oui. Il est le premier à vouloir profiter de l'union de nos deux corps sous l'eau chaude.. Enfin, n'importe où en faites. Je ferme le verrou derrière moi, entrant directement dans la douche laissant l'eau couler sur ma peau. Même la salle de bain de Louhan sent le tabac. Je sors et attrape le bord du lavabo pour ne pas tomber comme ça m'est déjà arrivée, d'ailleurs, ça avait bien fait rire Louhan. Mon adorable maladresse bien connu de mon entourage. J'enroule mon corps autour d'une serviette, brossant mes cheveux, démêlant les nœuds, c'est la poisse d'avoir les cheveux aussi longs, je vous jure ! Mes yeux s'assombrissent, mon visage devient lisse et mes défauts disparaissent, la magie du maquillage. Un jean trop grand, le débardeur noir de mon junkie préféré, le verrou s'ouvre et je tombe sur un Louhan habillé - le voir nu ça ne me gênait pas plus que ça.. - et ses clefs de voiture en mains.
« Je te conduits. » Je lui souris, l'embrassant rapidement avant de lacer mes converses et d'attraper au passage mon sac de cours. J'emboîte le pas du joli brun à la clope allumée, souriant bêtement. Parfois, on ressemble à un vrai couple dans toute sa banalité. Je grimpe dans la voiture et balance le sac de cours à mes pieds. Il démarre le moteur pendant que mes yeux sont fixés sur lui. J'ai encore du mal à me dire que Louhan est mon
« copain » celui avec qui je sors. Un sourire se dessine sur mes lèvres, je ferme les yeux, laissant mes pensées divaguaient. J'entends encore la voix de Louhan, cette fameuse soirée où il a dit les trois mots qui ont bouleversé mon petit métabolisme.
« Je t'aime. » Une expression si douce, mais déchirante, si simple, mais compliqué. Je sens un regard sur moi. Louhan, un demi-sourire aux lèvres. Je le lui rends, caressent sa main doucement. Elle était rêche, la mienne était douce. Un vrai contraste qui prouvait nous différencier, rien qu'en analysant nos mains. Le rebelle, la gentille. Le junkie, la sainte. Le torturé, la pleine de vie. Notre différence, c'est un peu comme notre force, parce que ça peut paraître gnangnan, mais c'est vrai que je ne me vois pas me réveiller autre part que dans sa chambre à l'odeur de tabac, dans ses bras tatoués et protecteur, même s'il ne s'en rend pas compte. Nous sommes devant l'université. Il est dix heures cinq. Louhan pose ses lèvres sur les miennes, un simple bisou d'enfant. Je boude, lui souriant.
« Tu voudrais pas être en retard, n'est-ce pas ? » me sourit-il de toutes ses dents. Je lui tire la langue, liant nos lèvres le temps d'un instant. J'étais à bout de souffle lorsqu'il s'est écarté de moi.
« Vas-y, Hope. On se voit ce soir. » Je ne sais pas si c'est une question ou une affirmation. Je souris donc.
« Bien évidemment. » lui répondis-je en ouvrant la porte de la voiture, issant mon sac sur le dos me dirigeant vers la porte d'entrée. Un dernier regard en arrière. Il est toujours là, comme s'il attendait que je sois bien rentrée pour partir - du moins je l'espère. Ça me rassurait qu'il veille sur moi ainsi. J'accélère la cadence, mon professeur n'aime pas vraiment les élèves en retard. Surtout que je l'étais souvent et que je séchais par moment, pour rester avec Louhan. Perdue dans mes pensées, je ne vis même pas celui dans lequel je m'engloutis violemment, faisant voler nos affaires.
« Je suis désolée. » dis-je en bégayant, ramassant ses affaires, lui tendant. Il a l'air autant dans les nuages que moi et marmonne un léger merci en ma direction avant de prendre ce que je lui tends. Il est maigre, pâle et brun. Plutôt mignon. Je lui souris avant de ramasser le reste de mes affaires.
« Ça va aller ? » Je relève la tête, regarde à droite puis à gauche. Celui que je viens de percuter est parti et j'ai bien l'air bête à parler toute seule. Haussant les épaules pour moi-même, je continue ma course dans les couloirs et finis par ouvrir la porte qui mène à ma salle de cours et trouve une place dans l'amphithéâtre.
« Mademoiselle Shinedown, je suis ravi que vous nous honoriez de votre présence. » lance Monsieur Read en ma direction. Je sors mes affaires, lève la tête pour lui sourire.
« Je me suis dis que vous n'arriviez pas à vivre sans moi alors je suis venue vous tenir compagnie, Monsieur. » Le professeur soupire et j'ouvre mon cahier de notes. Des feuilles sont à l'intérieur, des feuilles qui ne m'appartiennent pas. Je lis en bas
« Liam Bellamy. » Je devine alors à qui sont ces poèmes, au garçon brun que j'ai percuté il y a à peine dix minutes. Des poèmes dont je passe l'heure à les lire et les relire.
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Je crois que c'est l'une des premières fois que je me lève aussi tôt pour aller en cours. Un bâillement m'échappe et je m'étire les bras, seule dans mon lit. J'ai presque oublié le confort de mon lit douillet. Il faudra que je pense à inviter Louhan, un de ces jours, à dormir chez moi. Ce sera mieux que son lit dur pour mon petit dos fragile, surtout que pour moi, il n'y a pas plus important que le sommeil.. Ou la nourriture, peut-être. En tout cas, il est sept heures du matin, je suis réveillée et je ne mettrai que dix minutes à aller à l'université en taxi, tout ça pour essayer de trouver Liam – en supposant que ce soit bien lui et que ce soit son vrai prénom et pas un pseudonyme d'artiste. Je sors de mes draps et escalade le lit, pour ne pas à avoir à marcher sur les tas de vêtements qui ornent le sol. Je suis une vraie petite bordélique. Je fais attention à ce que la porte ne grince pas, Polly doit encore dormir. Polly, c'est mon adorable folasse, ma colocataire ainsi que ma meilleure amie. Une des raisons qui fait que Louhan ne peut venir ici et qu'il n'a jamais vu la couleur de l'intérieur de mon appartement. C'est pas comme-ci je ramenais tout à lui continuellement, hein. J'entre dans la douche, fais couler l'eau contre ma peau, la savonnant. Pour information, je sens le kiwi et mes cheveux le pamplemousse. Intéressant ? Nan ? Tant pis. Je ferme l'eau, ouvre les parois de la douche et me muni d'un peignoire que j'enfile. Mon peignoire est vert, si ça aussi ça vous intéresse. Je vais dans ma chambre trouver de quoi me vêtir. Un tee-shirt peace&love blanc, un jean slim, des bottines noires et une veste en cuir, noire elle aussi. Je me maquille légèrement et boucle un peu plus mes cheveux. Pour l'instant, je ressemble à quelques choses. Aucune Polly levée, je mange seule et en vitesse un bol de céréales avant de prendre mon sac pour descendre les escaliers. Il y a toujours des taxis, devant l'immeuble, ce qui me sauve la vie ce matin. Je monte dans le taxi conduit par un jeune homme dont le sourire est colgate. Je lui rends son sourire, timidement, lui indiquant l'endroit voulu.
« Oui mam'zelle, vos désirs sont des ordres. » je ris à sa réponse, son accent anglais le rend encore plus séduisant. Blond, les yeux azures. Vraiment pas mal. En moins de dix minutes, je suis arrivée à l'université et j'ai eu en prime son numéro de téléphone. Je lui ai promis de prendre un café – même si je n'aime pas ça – avec lui un jour. Ma gentillesse me tuera un jour, je ne sais dire
« non » à quelqu'un, surtout quand il a un accent comme le sien. Il est huit heures et j'ai une heure à tuer, une heure pendant laquelle je vais chercher le poète caché Liam. Non, ce n'est pas de la moquerie, j'aime vraiment ses poèmes. Ils sont profonds, réalistes et poignants. De vrais œuvres d'arts sur papier. Je marche doucement, dans l'enceinte de l'université. Il n'y a personne dans les couloirs, personne dans les escaliers et personne dans le hall. Ça se trouve, il n'a pas cours aujourd'hui ou bien, il n'est tout simplement pas là à huit heures dix désormais. Je sors ses poèmes, les sers forts dans ma main, il ne manquerait plus qu'ils s'envolent dans la cours. Au loin, je vois un garçon brun, pâle et maigrichon. Je souris et me dirige vers lui, tendant devant moi ses poèmes.
« Liam, c'est ça ? Écoute, avant que tu ne me dévores sur place, je tiens à dire que pour ma défense je pensais t'avoir tout rendu. Et si tu veux tout savoir, oui j'ai lu tes poèmes et ils sont géniaux. » J'ai dis ça à une telle vitesse que je doute qu'il ai tout compris. Je me mords la lèvre inférieure, attendant qu'il me réponde, espérant qu'il ne me découpe pas en rondelle et ne me donne à manger à la cantine de l'université.