Clyde était tout bêtement assis dans son salon, perdu quelque part dans ses pensées. Pensées qui étaient toutes dirigée vers elle, sans exception, alors qu’elles ne le devraient pas. Ce n’était pas politiquement correct. Il le savait et pourtant, il ne pouvait pas s’en empêcher. Il essayait tant bien que mal de la chassée de ses pensée… Mais en vain. Dès qu’il ne pensait plus à rien, c’est elle qui envahissait son esprit. Et même dans des moments peu propice. Lorsqu’il était en compagnie de Siohban, par exemple, et qu’elle leur parlait de leur enfant à naître... Bowee savait bien qu’il devait être présent pour elle et pour l’enfant, qu’il devait être attentif et à la hauteur, mais à chaque fois, c’est à Sterling qu’il pensait. Il en était ainsi depuis qu’ils avaient échangés ce baiser si parfait à l’hôpital. Tout lui avait alors éclaté au visage. Ce n’était pas Siohban qu’il aimait. C’était Sterling… Et il ne pouvait pas en être ainsi. On ne laisse pas sa copine - enceinte qui plus est – pour sa meilleure amie. Ça ne se fait juste pas. C’est néanmoins ce qui le mena jusqu’à elle à cet instant présent. Il avait envie, et besoin, de la voir. Et il savait où l’a trouver.

Lorsqu’il pénétra dans la vieille bibliothèque, il l’a vit immédiatement. Il ne voyait qu’elle. Malgré que l’endroit était particulièrement bien rempli. Assise sur son tabouret, un bouquin entre les mains… Elle rayonnait. Elle classait les livres poussiéreux que les clients avaient laissés traîné et qu’elle avait probablement préalablement ramassé parmi les nombreuses allées du Dicker Order. Clyde l’admira quelques instants puis il avança dans sa direction. Prenant un livre posée sur une table sur son chemin, il s’arrêta devant elle. « Dites, Mademoiselle, c’est une lecture que vous me recommanderiez ? » Il leva légèrement le bras au même moment, afin de le lui tendre. C’est à cet instant que Bowee vit de quoi il s’agissait. Il l’avait prit au hasard, alors qu’un autre l’avait laissé sur une des tables en quittant... Le chameau sauvage de Philippe Jaenada… Le titre le fit rire. S'il voulait avoir l'air d'un intellectuel, c'était pas tout à fait ça.

« Dites, Mademoiselle, c’est une lecture que vous me recommanderiez ? » Ce fut sa façon de lui dire bonjour. Elle semblait si bien, si sereine qu’il avait presque hésité à la sortir de ses pensées. Si elle aimait autant cet endroit, c’était d'ailleurs pour ça. Elle s’y sentait libre et détendue. Elle n’y était dérangée par personne, ou presque. Sterling pouvait y restée des heures entières et lui aussi. Pour des raisons différentes... Puisque ce que lui aimait de cet endroit, c’était bien elle. Alors que sa meilleure amie avait le nez plongé dans ses bouquins, il avait tout le loisir de la contempler. Son corps et tous ses sens étaient en émoi alors que sa raison fracassait l’écho de ses désirs. Désirs ou déraison… Peut importe. Il n’y avait plus qu’eux. L’irréalité devenait temporairement du tangible. Et Clyde savait qu’il pourrait passé en cet endroit un moment sans songer à ce qui l’attendait ou à l’ambiguïté de la situation et de ses sentiments. En tout les cas, c’est ce qu’il avait pensé.

Elle était donc assise sur un tabouret et classait les livres qui avaient été laissés sur les tables de la librairie lorsqu’il arriva jusqu’à elle. Survolant une œuvre de Baudelaire, Sterling ne l’avait pas entendue arriver. Elle ne releva la tête qu’après qu’il lui ait adressé la parole, un sourire béat aux lèvres et le livre entre les mains. Ils se mirent à rire en constatant le titre de celui-ci. « Hum... le chameau sauvage ? Oui, oui totalement à ton image ! » Quel titre attrayant! Il devrait penser à en faire une chanson… ou pas. Sterling sourit en lui prenant le livre des mains, reprenant la parole. « Je vous conseillerai plutôt celui-ci ... » Clyde l’a regarda faire, un sourire en coin, intrigué par cette attention particulière... Debout sur la pointe des pieds, elle tentait d’atteindre un livre tout en haut de la pile. Sters perdit légèrement l’équilibre et Clyde l’a reteint. Ledit livre entre les mains, elle se retourna. « L'éducation de ses enfants pour les nuls. » Il baissa les yeux au sol. À cet instant précis, il ne su pas exactement ce qu’il devait faire ou dire. Ni même la raison pour laquelle elle lui avait sortit quelque chose comme ça… Un silence s’installa, aussi court soit-il. Et le jeune homme tombait ailleurs, dans un espace plus réel. Un peu trop, douloureux aussi. C’était en général un sujet tabou, surtout entre eux. Il tentait de l’éviter autant que possible. C’est pour cette raison qu’il fut prit au dépourvu. « Désolée, c'était pas très ... fin. » Clyde haussa les épaules. Il n’était pas colérique, ni rancunier. Et même s’il l’avait été, il ne lui en aurait probablement pas voulu. Venant d’elle, il n’imaginait pas que ça puisse être dit méchamment. Peut-être inconsciemment, mais surtout maladroitement. « Ça fait rien. » Il lui prit à son tour le livre des mains, et le feuilleta… « Hum… Attend. "Tout est question d’équilibre et de communication", "Comment exercer son autorité", tu crois vraiment que j’ai besoin de ça ? L’enfant ne vient pas déjà avec un mode d’emploi ? » Quel commentaire idiot. Ce fut néanmoins la première chose qui lui vint à l’esprit. En fait, il ne l’avait dit que pour tenté de détendre l’atmosphère...