Bonjour les z'amis ! Aujourd'hui, je vais vous raconter une charmante petite histoire ! Pfft, autant dire jamais de la vie. Ce que je vais raconter est plutôt un autre épisode de ma belle vie de merde. Ça vous dérange que je dise le mot « merde » ? Alors, merde, merde et re-merde ! Ah, quel bel écrivain je fais, pas vrai ? C'est clair et net que ça va beaucoup m'aider pour me sauver du taudis... Écrire un bouquin intitulé « ma vie est une merde. ». Pas très vendeur, on s'entend ? Et bien, pour l'instant, on peut dire que je n'ai pas la tête à écrire. Ou plutôt si, puisque c'est ce que je fais en ce moment. J'aimerais vous relater une autre de mes journées merdiques, euh... nulles plutôt. Cette fois-ci, au lieu d'avoir la flemme de vous dire tout depuis le matin, je vais plutôt passer au fait en étant assez court. On le sait très bien que je suis pauvre, d'accord ? Pas besoin de vous dire que je me lève chaque jour dans une chambre que tout le monde pourrait confondre à un placard, que je me douche dans un endroit étroit et crasseux, que je mange des céréales à deux cents et que je fais la chasse aux cafards... Tout le monde le sait, que je suis un raté. Liam Bellamy égal pauvre type. Comme c'est malheureux, hein ? Et c'est pour ça, que de tout de bonté, on lui tend la main ? Non, personne ne m'aide et je n'ai besoin de personne non plus. Je veux me persuader que je réussirai à y arriver tout seul, mais c'est impossible, je le sais bien. Travailler dans une librairie ne m'aidera pas à coûter des études exorbitantes. De même qu'être dessiné ou posé nu ne pourra certainement pas m'amener dans une vie normale, moyenne, où on peut rire et avoir le sourire en sachant qu'on a aucun souci. Ce qu'il me faut, c'est une chance. Une seule. Qui me propulsera en avant, bien loin du passé. Il suffit de la reconnaître, de la saisir. Peut-être, je dis bien peut-être, ais-je finalement trouvé cette occasion tant rêvée. Et c'est pour cela que je vous écris.

Mon ambition est de devenir médecin. Vous savez ce que j'ai fais ? J'ai choisi les études qui me donneraient le plus d'argent au bout du compte. Tout ce que je veux, c'est juste la joie de pouvoir manger un bon repas sain, ou d'avoir un logement propre, bien éclairé et aéré. En fuyant l'enfer de ma vie à Londres, j'ai donc choisi de commencer des études en médecine à l'université. Mais il y a deux problèmes majeurs. Un, vais-je réussir à payer ça jusqu'au bout ? Jusqu'à présent, c'est bien un miracle que je ne me sois pas fait renvoyé... J'ai des dettes et des dettes d'argent. Mais pourrais-je jamais les payer ? Le deuxième problème, encore plus pire que le précédent (si possible) est que je ne suis pas sûr d'aimer mes études. Incroyable, non ? Mais je dois me mettre à l'évidence, c'est probablement vrai. Après tous ces mois où j'ai travaillé d'arrache-pied pour suivre des cours que je n'écoutais qu'à moitié en raison de ma fatigue (...) je découvre que je n'aime même pas ça ?! La médecine, c'est terriblement ennuyeux à mon goût. Ce n'est certainement pas juste la fatigue qui réussit à m'endormir. Mais pour faire quoi à la place ? Je n'ai pas le luxe du choix, hein. Je veux un métier payant. Très payant. C'est mon rêve, voyez-vous. Et je refuse catégoriquement d'abandonner mes études pour quelque chose d'aussi insignifiant qu'un goût. Et oui, je suis rendu là. Au bout du rouleau. Alors, qu'est-ce qui pourrait me sauver ?

Le mannequinat. Boum ! Vous n'en croyez pas vos yeux, je me trompe ? Pourtant, c'est bien ce que vous lisez. Il semble que ce soit ma seule chance, la chance que j'attendais. Il faudra beaucoup de travail, beaucoup de volonté, mais je suis prêt. Plus que jamais. Un homme m'a abordé. Je marchais tranquillement dans Centennial Park, un endroit bien magnifique pour ce que j'avais l'habitude de voir. Un appartement de crado ? Un auditorium ? Des étagères de livres ? Ou des tables de restaurant, communément avec mon deuxième job, celui de serveur au Jack Rabbit ? Disons que Sydney ne m'a pas encore fait voir ses lieux les plus beaux. J'ai vu la plage et... Centennial Park. Je marchais donc, en direction de l'arrêt de bus qui me ramènerait chez moi. Je venais d'assister à un cours à l'université, située tout près. Alors, cette homme s'approche de moi d'une allure très professionnelle. Tout d'abord, je crois qu'il ne se dirige pas vers moi. Je regarde par-dessus mon épaule. Personne. Tandis que je retourne la tête, l'homme arrive à ma hauteur. Il est vêtu d'un short et d'un T-shirt, mais il aurait plutôt eu sa place dans un smooking. Apparement, il est en balade. Je repère aussi les marques de ses vêtements de mes yeux. Mon avis est déjà faite. Attention, code rouge, un richissime louche. Je déteste les riches et leurs airs hautains. Mais celui-ci, avec son regard perçant, n'a pas l'air de vouloir rigoler.

« Bonjour, je suis Amadeus P. Armani », dit-il d'une voix assurée, sans passer par quatre chemins.

J'hoche la tête d'un air sceptique et le jauge du regard. Armani. Armani. Ce nom me dit quelque chose. Alors, mes yeux se reposent sur la marque de ses vêtements. Armani. Merde, ce type est à la tête d'une entreprise de vêtements monstrueusement énorme ! Je fronce les sourcils. Pourquoi viendrait-il me voir, moi ? Un simple petit pauvre de Potts Point...

« Je suis à la tête d'une grande entreprise de vêtements », poursuit-il, apparement peu soucieux du fait que je ne me sois pas présenté.

Voilà, j'ai confirmation. Ce mec est un grand directeur de... enfin, vous voyez le topo.

« Et mon entreprise engage des mannequins pour faire la promotion de ses produits. »

Je le regarde d'un air interdit. Que me veut-il ? Cette rencontre me rend de plus en perplexe. Je suis sur les gardes. Autre chose, je vais bientôt rater le bus.

« J'aimerais savoir si le mannequinat vous intéresse », lâche-t-il, cessant tout net les formalités.

Je le regarde d'un air incrédule. Il doit penser que je suis un homme des Cro Magnons. Je cligne plusieurs fois des yeux enfin de me ressaissir. Ce type aimerait apparement voir si j'ai le potentiel pour être un de ses mannequins.

« Je trouve que vous avez déjà toutes les qualités physiques requises. Lundi prochain, neuf heures, à la Armani Agency, dans la City, si vous êtes intéressé. »

Il me tend une carte d'affaire, je la prends et la fourre rapidement dans ma poche. M. Armani semble un peu agacé que je ne dise rien.

« C'est bon, je viendrai... merci. »

C'est tout ce que j'arrive à dire. Celui-ci acquiesce. Il semble sur le point de partir, mais hésite et me demande :

« Votre nom ? »

« Liam Éloi Bellamy. »

Il veut probablement voir si j'ai un portfolio ou quelque chose comme ça. Peu importe, ce qui compte c'est que je viens de me faire remarquer par un grand nom de la mode. Qui l'aurait cru ? C'est peut-être ma voie de sortie. Et je n'ai même pas eu à bouger le petit doigt. Pour une fois, la vie semble me sourire.

C'est ainsi que le lundi arrivé, j'arrive dans la City... en bus. Je n'ai toujours pas de voiture et de toute façon, ç'aurait été honteux d'arriver en vieille bagnole cabossée... Disons que je suis très nerveux. Je suis parfois agité de tics. Qui l'aurait cru ? Liam Bellamy, mannequin. Cette idée de carrière me plaît bien. C'est mieux que médecin ! Je marche dans les rues bondées du centre-ville, en regardant de tous côtés. Je n'ai jamais encore eu l'occasion d'y mettre le pied. Impressionnant, non ? Occuper à tenter de survivre, c'est du sport, je vous le dis. J'ai rarement eu du temps libre... Gucci... Ah, ça ressemble à Armani. J'approche. Je regarde les gratte-ciels qui me dominent de toute leur hauteur. Bientôt, je serai dans l'un d'eux. Un plan du quartier à la main, imprimé en noir et blanc sur le vieil ordi du back ground de la librairie, je tourne de rue en rue. Beaucoup de gens se promènent sur les trottoirs, de même qu'en voiture. Il y a un bouchon de circulation. Au moins, mince comme je suis, j'arrive à me faufiler. Enfin, j'arrive devant l'immeuble proclamant ARMANI AGENCY. Ces lettres me font peur. Ais-je déjà préciser que j'ai envie de faire pipi dans ma culotte ? C'est du sérieux. Très sérieux. J'ai l'impression d'entrer dans la courd des grands en passant les double portes. Aussitôt, une femme replète me fonce dessus.

« M. Bellamy ? »

J'hoche la tête, mon stress monte d'un cran. Je la suis dans des couloirs étincelant de propreté. Puis, elle me laisse devant une porte en bois massif très impressionnante. Elle me fait un sourire timide et s'en va d'un air affairé. Je reste quelques secondes planté dans ce couloir, les bras ballants. J'ai conscience d'avoir l'air parfaitement stupide et me demande si une caméra m'observe. Puis, je rassemble mon courage. Je cogne à la porte. Une voix d'homme me dit d'entrer. La même que celle du parc. Essayant de prendre un air décontracté comme si cela n'était que ma routine, j'ouvre la porte.