| Sujet: Re: Requiem _ dreams aren't what they used to be. Sam 27 Mar - 11:51 | |
| (c)Misery Angel• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •I'd like to make myself believe • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
Le destinataire d'une lettre a toujours un énorme avantage sur l'expéditeur. Il peut la lire et la détruire en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire. 20 Janvier 2005 Cher Daeron Te connaissant, tu as sans doute déjà remué ciel et terre à la maison pour essayer de trouver une vulgaire trace de mon existence, t'apercevant alors du vide terrifiant ayant pris place au fin fond de mon armoire. Grand frère, je t'en supplie, ne m'en veux pas et sois compréhensif face à ce qui va suivre. Ces derniers temps, tu auras sans doute remarqué un quelconque changement de personnalité s'opérant en moi. Mon sourire quotidien s'est trouvé masqué par un visage pâle sur lequel, chaque soir, des perlées de larmes s'échappaient. Ma bonne humeur s'est volatilisé, laissant place à des doutes permanents, à des questionnements intempestifs, à des souvenirs se voulant machiavéliques. La faiblesse s'est tout simplement emparé de moi. Cette nuit, j'ai pris ma décision, sans juger bon de t'en faire part. A quoi bon après tout, tu aurais tout fait pour me retenir à tes côtés à Londres... Cette ville maudite. Daeron, je ne sais pas ce qu'il en était pour toi, certes, mais, de mon côté, je supportais de moins en moins notre chère ville natale. A chaque coin de rue, des images, des senteurs, des voix me revenaient en tête, faisant de moi la prisonnière de notre passé. Un jour, un mois, un an puis deux... Je pensais qu'avec le temps, j'arriverais à oublier mais, le vide en moi est toujours présent, tout comme cette tristesse qui s'empare de moi un peu plus chaque jour. Au fond, est-ce que je ne cherche pas a oublier l'inoubliable ? Tu sais, bien souvent on se dit que le malheur ne touche que les autres mais, ne trouves-tu pas que le hasard s'acharne sur nos têtes ? Que reste-t-il de notre si belle famille si ce n'est nos deux personnes Daeron ? Il n'en reste plus rien... non, rien. Ma vie se résume en un enchainement d'obstacles que je gravit avec difficulté. Depuis ma naissance, un manque s'opère en mon cœur, un manque paternel. Certains naissent d'autre meurent. C'est la dure loi de la vie me diras-tu mais, toi, au moins, tu auras connu papa. Moi non. En réalité, je crois que je me sens fautive de sa mort. Si je n'avais pas eu à naître, papa ne serait pas parti de toute urgence à la maternité, il ne se serait pas trouvé sur la route à ce moment donné, non, son véhicule n'aurait pas percuté ce foutu camion et bien évidemment, il n'aurait pas perdu la vie... Bien sûr, toi tu étais là, le seul et dernier homme de la maison. Mais, avec nos trois ans d'écart, il faut avouer que ta protection n'était pas la même que celle qu'il aurait pu m'apporter. Quoi qu'il en soit, on a appris à vivre avec... ou plutôt sans. Une petite famille très soudée toujours prête à s'entraider, voilà ce que nous étions devenus. Une mère aimante envers ses deux enfants, un frère protecteur envers sa sœur et moi, la petite dernière, je n'attendais que de découvrir la vie sous un meilleur angle. Ah si j'avais su. Oui. si j'avais su ce que le destin nous réservait encore, je n'aurais pas été si pressée de découvrir mon avenir. Daeron, crois-moi, je pensais qu'on avait déjà été suffisamment touché par le malheur avec la mort de papa et je n'aurais jamais imaginé que cette diabolique faucheuse nous aurait aussi arraché notre chère mère si tôt. J'avais seize ans, tu en avais dix-neuf, te souviens-tu ? Je n'en doute pas. Au fond, maman était faible, de plus en plus faible. Comme moi aujourd'hui. La maladie s'est installée en elle si vite, pourquoi ? Je me revois encore dans sa chambre d'hôpital ce fameux jour où tout a basculé. Assise à ses côtés, je lui tenais la main, ne cessant de lui parler, espérant alors obtenir un mot de sa part. Comme chaque jour, mes yeux étaient emplis de larmes. Dieu sait que je n'aimais pas la voir dans cet état. Au fond de mon être, je pensais que ce jour allait être comme les autres mais, le sifflement intempestif qui se dégagea rapidement des machines la tenant en vie m'alerta et m'inquiéta au plus au point. Mes cris commençaient alors à résonner dans les couloirs de l'hôpital et des infirmiers arrivèrent en courant dans la chambre où je stagnais, incompréhensive. Une des femmes venant d'entrer dans la chambre m'agrippa par le bras, me priant de quitter la chambre et de les laisser faire. J'étais inquiète, désemparée, déboussolée et le sifflement des machines se propageait encore et toujours dans ma tête. Soudain, la main du médecin s'abattit sur mon épaule, je ressens encore la peur monter en moi au moment où ma tête pivota en sa direction. Crois-moi, il n'avait suffit que d'un hochement de tête négatif de sa part pour que je comprenne que le monde s'écroulait encore sur nous Daeron... La maladie l'avait emporté sans gènes. Tu sais, je me souviens de tes paroles ce jour-là: "Ça fait mal petite sœur, je sais. Mais dis-toi qu'elle ne souffrira plus maintenant"... Non, elle ne souffrait plus, j'en étais consciente mais, la souffrance s'était désormais emparée de mon cœur. Cela fait désormais deux ans qu'elle a quitté ce monde. Deux ans que je souffre à chaque pas que j'effectue dans Londres. Je ne peux plus supporter cela Daeron. Comprends-moi. A l'heure où tu lis cette lettre, je suis surement déjà loin puisque je pars pour prendre le premier avion qui s'offre à moi, direction Sydney. Je sais que je suis tout juste majeure mais, comme tu me le dis si bien, je suis mature depuis un bon bout de temps déjà. J'ai simplement envie de changer d'air, de changer de vie et de trouver enfin le bonheur dans ma vie. Cependant, ne crois pas que je te fuis, loin de moi cette idée. Je t'aime et je t'aimerais toute ma vie Daeron, crois-moi. Ce n'est pas un adieu, ce n'est qu'un au revoir, et si tu tiens à moi, je suis persuadée que tu comprendra mon geste.Ne m'oublie pas, Requiem. Tu es nouvelle ici non ? Combien de fois avais-je pu entendre cette fameuse phrase percuter mes oreilles, tout cela parce que, aux yeux des Australiens, j'étais seule et perdue. Après tout, j'avais de quoi me sentir égarée. Londres était une assez grande ville et changer de lieu de vie me dépaysait quelque peu de ma chère ambiance natale.. De plus, il fallait avouer qu'à l'époque, je n'avais que dix-huit petites années. Un âge auquel beaucoup veulent fuir leur cocon familial mais, un âge où au final, nous ne sommes pas assez mature pour vivre loin de tout, loin de notre famille. En ce qui me concerne, je n'avais pas fuis ma famille, loin de là, j'avais seulement décidé de m'éloigner des souvenirs désagréables que m'offraient les rues sombres et étroites de Londres dans l'espoir de retrouver une vie banale et heureuse. "Le temps fait oublier les douleurs, éteint les vengeances, apaise la colère et étouffe la haine ; alors le passé est comme s'il n'eût jamais existé". Dieu sait que j'aurais apprécié que cette citation devienne réalité pour ma propre personne. Au fond de moi, j'espérais que le passé allait être balayé dans mon esprit par des projets fleurissants... Cependant, ce ne fut pas le cas. Il me suffisait de regarder une mère se promener dans la rue, main dans la main avec sa fille pour repenser à celle qui m'avait mise au monde. Il ne me suffisait que de lire les grands titres des journaux pour me souvenir que la mort est partout.... que la faucheuse emmène quiconque, jours après jours, tout comme elle aura emmené mon père et ma mère il y a de cela quelques années. Oui. Au fond, il ne suffisait que d'un minime point pour que notre mémoire nous joue des tours, ramenant alors à la surface des souvenirs que l'on souhaitait noyer au plus profond de nous. Cinq ans, cela faisait cinq ans que j'avais dit au revoir à mon frère à travers quelques lignes touchantes, soixante longs et interminables mois durant lesquels, au final , je n'avais guère réussit à oublier la noirceur de mon passé. Certes, il s'en étaient passés des choses depuis mon déménagement. En arrivant à Sydney, j'avais pris soin de poser mes valises au milieu de nulle part, sans pour autant savoir où je voulais aller. La partie de l'héritage de mes parents m'étant réservée aidant, j'avais loué un appartement miteux pas trop cher pour passer mes premiers mois à l'abri des intempéries. Je devais m'en sortir seule désormais. Les jours qui suivirent mon emménagement furent un véritable calvaire. Souhaitant trouver un quelconque emploi pour avoir de quoi vivre, je me faisais claquer des portes au nez sans arrêt jusqu'à ce qu'enfin, un restaurateur veuille bien de moi comme serveuse. Cependant, le salaire était assez maigre et il me paraissait évident que je n'allais pas passer toute mon existence à servir des plats à de parfaits inconnus. C'est à ce moment donné qu'un nouveau combat commença. Il fallait que je poursuive mes études et que je parvienne à intégrer une université dans l'espoir de commencer des études en photographie. Un rêve. Je dois avouer que je n'y croyais pas trop. Pour moi, il était tout simplement impossible qu'un établissement de la sorte accepte la candidature d'une jeune orpheline vivant seule, sans trop d'argent. Et pourtant, un fameux matin, j'obtins une lettre de l'université où je pouvais lire en toutes lettres: "Félicitations". C'est depuis ce jour que je garde espoir de réussir ma vie, d'être heureuse. C'est depuis ce jour que j'ai retrouvé la joie de vivre... S'en suivirent trois années d'études intensives durant lesquelles les rencontres ne manquèrent pas. Ici, j'avais l'impression que l'on s'intéressait enfin à moi pour ce que j'étais réellement et non pour ce que j'avais vécu dans mon passé. C'est à ce moment donné aussi que je quitta mon cher appartement pour prendre place dans un appartement un peu plus luxueux. Cela fait désormais peu de temps que mes études sont terminées et quelques semaines seulement que j'ai obtenu un emploi en tant que photographe pour un des divers magazine de mode existant. Heureuse ? Oui, je pense qu'aujourd'hui, je peux enfin utiliser ce mot qui, bien longtemps, a été balayé de ma vision par un destin machiavélique. Bien que mon destin sentimental est loin d'être l'un des plus beaux... • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •(c)Misery Angel C'était un samedi soir pluvieux, ou plutôt, une nuit pluvieuse, il y a quelques mois. Je n'avais que peu vu Bowee de la journée et, nous devions nous retrouver en fin de soirée. Alors que je m'étais contenté de rester dans mon appartement, face à la télévision, avec deux de mes amies, lui était parti dans un des nombreux bars du coin avec quelque uns de ses amis. Il était minuit lorsque je le vit franchir le pas de ma porte. Nous étions désormais censé passer une soirée et une nuit en couple. Mais, tout s'était déroulé différemment. Cet être que j'aimais depuis plusieurs mois déjà s'approcha rapidement de ma frêle silhouette et je remarqua bien vite qu'il avait encore une fois abusé de l'alcool. Pour une fois, je m'estimais en droit de lui en faire la remarque mais, son sang ne fit qu'un tour et ce dernier commença à m'insulter. Il était ivre, je le savais, et j'aurais du le laisser parler, le laisser m'insulter de la sorte. J'aurais tout simplement du attendre le lendemain, qu'il retrouve son état normal. Mais je n'en fit rien. Bien vite je pris ma défense et cela, il ne l'apprécia pas. C'est ainsi qu'en l'espace de quelque secondes, la femme-enfant que j'étais se trouva ruée de coups par un homme lui ayant dit de nombreuses fois qu'il l'aimait. « Bowee, arrêtes ! Je t'en prie arrêtes. Lâches moi ». Je me revois encore, les larmes aux yeux, le suppliant d'arrêter le moindre de ses gestes mais il n'en fit rien et je me retrouva bien rapidement au sol, trop atteinte par les coups qu'il portait à mon visage. A vrai dire, j'avais espéré croire que nos deux personnes étaient liées à jamais. Nous étions si proche l'un de l'autre... Nous nous comprenions si bien. A ses côtés, je me sentais tout simplement heureuse mais jamais, jamais je n'aurais imaginé qu'il allait se comporter ainsi avec moi un jour. Les jours qui suivirent, j'étais restée enfermée entre quatre murs, trop atteinte par les gestes qu'il avait osé effectuer envers moi. Je n'avais su que penser, que dire, que faire. Je l'aimais, c'était indéniable mais... je ne voulais pas vivre comme une femme battue. Une semaine plus tard, c'est les larmes aux yeux que j'avais frappé à la porte de son domicile. Le visage encore tuméfié de bleus, j'espérais simplement qu'il s'excuse mais, monsieur ne semblait pas se souvenir de la violence dont il avait fait preuve. Se comportant avec moi, comme un homme idéal, parfait. C'était dur pour moi mais je devais le faire. Me séparant de son étreinte si soudaine, je lui laissa au creux de la main, le collier qu'il m'avait offert pour la Saint-Valentin, me retournant ainsi avec pour simple dire un désolé symbolique. Jamais je n'avais voulu lui adresser la parole après ce jour. Refusant le moindre de ses appels, la moindre de ses visites. Je m'étais simplement contenté de lui laisser une lettre, lui rappelant les gestes qu'il avait effectué, lui décrivant avec détails la scène dont il ne se souvenait plus. Je n'attendais désormais plus qu'une chose, qu'il s'excuse et qu'il arrête de boire. Au fond, oui, je l'aimais encore mais comment expliquer que la peur m'envahissait à chaque pensée que j'avais pour lui ? Comment expliquer que l'imaginer à nouveau à mes côtés me glaçait le sang ?
Dernière édition par Requiem R. Whitamer le Sam 27 Mar - 14:54, édité 5 fois |
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