Orphéa && Nevaeh


credit : live journal & wildbitterness

Aujourd’hui est un jour comme les autres. Pourquoi ce jour serait-il différent d’hier ou de demain après tout ? Pour la plupart des gens, ce jour, qui se trouve être un lundi, n’a rien de différent des autres, ils vont au travail ou en cours... rien de plus ordinaire. Mais, pour Orphéa, ce jour n’est pas comme les autres. Aujourd’hui, cela fera très exactement 21 ans qu’elle n’a pas revu sa mère. Et elle a beau dire à tout le monde qu’elle n’y pense même plus, que ça n’a pas d’importance pour elle... elle ne peut pas s’empêcher de penser à sa mère chaque année à cette date. Biensûr, elle y pense beaucoup moins qu’avant mais malgré tout, elle continue de souffrir d’avoir grandi sans mère. Et surtout, elle lui en veut. Elle en veut à sa mère de l’avoir abandonnée alors qu’elle n’avait que deux ans. Elle n’arrive pas à comprendre comment une mère peut partir comme ça, du jour au lendemain, sans jamais chercher à revoir sa fille pendant vingt-et-une longues années. Et pourtant, la vie continue et Orphéa est bien obligée de se lever pour aller travailler alors qu’elle préfèrerait être cachée au fond de son lit, sous sa couette ou alors avec un pot de glace. Alors, comme tous les matins, elle se lève, prend une douche, s’habille et boit son café avant de dévaler les escaliers en courant, une fois qu’elle s’est rendue compte qu’elle était en retard. Elle saute dans sa voiture et conduit jusqu’au petit cabinet d’architecte où elle travaille comme « assistante architecte ». Autrement dit, elle est à la fois secrétaire, standardiste et elle est sensée apporter le café. Biensûr, elle ne travaille au cabinet que depuis un mois alors, ils appellent cela une « période d’essai ». Et Orphéa espère que cette période sera bientôt terminée car ce n’est pas vraiment le boulot qu’elle espérait. Malgré tout, elle reste concentrée toute la matinée et essaie de donner son avis sur les projets en cours quand elle en entend parler. Peut-être qu’ils finiront par remarquer qu’elle est douée ? A midi, elle sort du cabinet pour sa pause déjeuner et décide d’aller à pied jusqu’au fast-food le plus proche. Rien de mieux qu’un hamburger quand on n’a pas le moral. Elle commande un hamburger, des frites, une bouteille d’eau et un muffin à emporter, elle paye et ressort du fast-food puis elle récupère sa voiture dans le but d’aller s’installer dans un endroit simpa pour manger. Il fait beau alors pourquoi rester enfermée au bureau avec un sandwich ? Elle se souvient alors du parc de l’université, où elle avait l’habitude de s’installer quand elle était encore étudiante. Elle se gare sur le parking et marche jusqu’au parc puis, elle décide de s’installer sous un arbre, un peu au soleil et un peu à l’ombre. Comme ça elle peut bronzer sans risquer une insolation. Elle s’assoit par terre, le dos contre l’arbre puis elle sort son repas du sac en papier et elle commence à grignoter ses frites, le regard dans le vide. Complètement prise par ses pensées, c’est un peu comme si elle était partie dans un autre monde... un monde où sa mère ne serait jamais partie, peut-être ? Elle s’est toujours demandé à quoi aurait pu ressembler sa vie si sa mère était restée...

Cette journée-là s'annonçait plutôt simple et ordinaire pour Nevaeh Lily. En effet la jeune femme avait, comme chaque lundi, cours à l'université, continuant à étudier le journalisme alors que la pluspart des gens de son âge et de son entourage travaillait déjà. Elle estimait qu'elle avait encore beaucoup à apprendre dans son domaine, et préférait donc se perfectionner avant de ne pouvoir définitivement se lancer dans une carrière de journaliste de mode. Seulement aujourd'hui, elle voyait son emploi du temps légèrement allégé en vue du fait qu'un de ses enseignants s'occupait d'une vidéo conférence pour les nouveaux élèves, ou quelque chose dans le genre. Ainsi elle finissait le matin assez tôt, et n'avait plus de cours jusqu'à quatre heures environ. Elle décida donc, le matin, avant de ne quitter son appartement misérieux, d'emporter avec elle un pique-nique, qu'elle mangerait au parc, en vue du fait qu'elle avait pas mal de temps devant elle. Elle attrapa donc une baguette de pain de la veille, qu'elle coupa en deux. Elle la beurra rapidement, et y mit avec peu de délicatesse une tranche de jambon premier prix qui traînait dans son frigo, d'ailleurs presque vide. La liberté avait cet inconvénient, elle impliquait forcément une autonomie et une prise en main que Nevaeh avait encore du mal à assimiler. Elle adorait pouvoir se sentir complètement libre de tout, de pouvoir faire ce qu'elle voulait quand elle le voulait, seulement voilà, elle devait caser dans son planning -qu'elle écrivait à la minute près en général- une étape "remplir le frigo", qui ne lui disait rien qui vaille et qu'elle devait faire bien trop souvent à son goût... Enfin elle le ferait plus tard, quitte à se retrouver à court de nouriture et jeûner une ou deux fois... ou plutôt se trouver un fast-food ou même se faire inviter au restaurant, parce qu'elle n'envisageait pas sérieusement de ne pas manger.

Elle partit donc de chez elle, une fois prête, emportant son sandwich et une bouteille d'eau avec elle pour son petit pique-nique. La matinée de cours passa assez rapidement il faut dire, mais la blondinette fut ravie lorsqu'elle sortit de l'université. Elle marcha alors d'un pas déterminé et presque hâtif vers le parc, qu'elle atteignit rapidement. Là elle entreprit de trouver un petit coin d'herbe, à l'ombre si possible, et finit par dénicher la perle rare. Seulement un beau coin à l'ombre c'était bien, mais seule, pas tant que ça. Regardant autour d'elle, miss Sanders s'en voulut de ne pas avoir prévu quelque chose avec un de ses amis, s'être donné rendez-vous pour ne pas partager un long moment de solitude avec un sandwich fait à la va-vite. Elle regarda autour d'elle. Avec un peu de chance elle verrait quelqu'un qu'elle connaissait... ou pourrait apprendre à connaître quelqu'un. La vérité? Ce qui la fit voir Orphéa, ce fut l'odeur que dégageait son repas, nettement plus riche que le sien, sortant tout droit de chez mcdo. L'apercevant donc, la blondinette se décida à entamer la conversation, avant de n'entamer son sandwich.

« Excusez-moi, vous auriez du ketchup? J'ai oublié d'en prendre... » Regardant son jambon-beurre, Nevaeh fit une mine dépitée, comme s'en voulant à elle-même d'avoir suggéré qu'elle avait besoin de ketchup. « Oui en effet, avec un sandwich au jambon, je peux vous faire croire que j'ai des goûts bizarres ou bien vous avouer que mon approche pour trouver de la compagnie est des plus pathétiques, vous préférez quelle option? »

[Désolée du temps de réponse, surtout pour une si piètre qualité... :/]