Moi, je faisais tout le temps semblant, en toutes circonstances, avec tout le monde. Et c'était le gage d'une longue vie, le remède absolu contre la déprime. C’est que le temps passe vite, qu’il ne nous laisse pas l’occasion de respirer, de soupirer, de vivre, tout simplement. Je regardais le soleil de la fenêtre de ma chambre ; nouvel appartement pour une nouvelle vie, pour oublier un passé qui me rongera toujours un peu. Est-ce que tout le monde a réellement le droit au bonheur ? Pas l’éphémère, celui que l’on se permet de vous prendre comme ça, sans rien vous demander et qui ne vous revient jamais. Ce n’est pas celui que je désirais. Non. Combien de fois avais-je laissé passer ma chance au juste ? Trop de fois pour m’en souvenir.
En tout cas c’était une journée comme les autres. Un levé aux aurores pour celle qui ne dort que trop mal, un néant dans l’estomac, cette envie de se détruire une nouvelle fois et ne pas laisser de chance à la lâcheté. Je n’étais plus qu’une épave en réalité. Une ombre, le reflet dans un miroir et tout ce que l’on pouvait prétendre à mon sujet se trouvait être complètement faux. Je n’étais pas heureuse, d’une. Je n’étais pas non plus constamment souriante et enfin, je n’aimais personne. Dure réalité n’est-ce pas. La seule fois où j’avais cru possible l’impensable, le courage m’avait manqué. Il me manque toujours actuellement d’ailleurs. Skyden. Son nom résonne dans ma tête comme une évidence et pourtant, j’ai toujours refusé de prendre la route jusqu’à chez lui, juste pour lui expliquer au moins que j’avais apprécié notre baiser, que ce n’était pas une erreur et que si c’était à recommencer, je le referais sans un seul regret. Cependant, comme d’habitude, je n’avais pas eu cette bravoure et ce fichu temps est passé. Un soupir d’exaspération sortie de mes lèvres. Je n’en pouvais plus de cette oppression constante autour de moi. J’avais besoin de respirer, de m’aérer le corps et l’esprit.

Le parc. Très bon endroit pour ce genre de choses, je n’en doutais pas un seul instant. Lieu où je vais très souvent pour me changer les idées, notamment quand celles-ci deviennent trop sombres pour moi. Je ne voulais plus être la jeune femme pour qui a sans cesse l’impression de voir le monde tourner dans le sens contraire, préférant la lune au soleil, la nuit au jour, la douleur au bonheur. Ces cicatrices sur mes avant-bras sont d’ailleurs la preuve de cette préférence hors du commun. Etre comme tous les autres, voilà qu’elle était ma volonté. Certains veulent se rendre unique. D’autres, comme moi, désirent parvenir à se fondre dans la masse, faire comme si de rien n’était et sourire. Sourire à la vie et à ce qu’elle peut bien nous apporter. D’une manière ou d’une autre, je me demandais pourquoi je le ferais. Pour qui. Traverser les rues, croiser les passants ; profiter de la lumière du jour, du vent qui vient s’abîmer contre mes cheveux, les faisant valser par la même occasion. J’aimais ce délicat parfum de printemps, je m’enivrais même de celui-ci. La belle période d’après ce que l’on dit. Période durant laquelle nos sentiments se font la malle, s’éprennent de quelqu’un pour au final, ne plus jamais la laisser tomber. L’amour, un mot bien vague et qui n’exprime en fait que très peu de choses. Les mains moites, le cœur qui bat, un désir constant, le manque aussi et les regards qui en disent long. Les mots, dans ces cas-là, ne sont pas toujours nécessaires. J’avais bien envie de croire que ça me tomberait dessus un de ces jours. Et sur le chemin, tu croiseras cette âme là. Celle que tu as envie d’aimer.

« Mais faites plus attention quand vous marchez. » Je ne regardais pas non plus où j’allais. Je ne voulais pas me sentir responsable d’un stupide incident. Elle releva le regard, tomba sur celui-ci qu’elle s’attendait à voir le moins. Elle eut un petit sourire en coin face à sa gêne occasionnelle. Heureusement, elle n’avait pas ouvert la bouche parce que ça aurait été pire que ça. D’ailleurs, le pire se trouvait sans doute être de ne pas savoir quoi dire. Elle le regarda un instant, se rendant compte qu’il était encore plus beau que dans ses souvenirs et aussi qu’elle ne l’avait pas vu depuis un certain temps maintenant. A ses pieds, un chien dont elle ignorait l’existence. « Je n’aime pas les chiens. » Forcée d’admettre qu’elle était là entrain de dire son plus gros mensonge. Elle adorait ça, bien qu’elle ait tout de même une petite préférence pour les chats. Se baisser pour aller caresser l’animal la démangea, mais elle se retint. Moins de temps passé en la présence de cette tentation constante, du souvenir de ces lèves au goût si mystérieux, si indélébiles qu’aujourd’hui, les siennes sont encore empruntent de leur saveur délicieuse. Son sourire disparut pour laisser place à une autre expression, beaucoup moins amicale cette fois-ci. « Ca fait longtemps qu’on ne s’est pas vu. » Remarque pas très pertinente pour le coup. Sans doute que celle-ci était faite à la fois pour lui et pour elle. « Comment tu vas depuis tout ce temps ? »

Comment une femme, pourtant vu comme un être si faible (pas taper, côté macho), arrive à vous retournez la tête ? C’est si perturbant puis rabaissant. À ce moment précis mes pensées allaient en sa direction comme si j’étais soumis à elle à cause d’un simple baiser. Quoi que celui-ci ne fut pas si banal que cela. La sensation de picotement dans l’estomac lors du frôlement de nos lèvres signifiait bien plus. Et à cause de cela je me retourne la cervelle chaque secondes qui passent et en chaque blondes que je croise je la vois comme si elle me suivait où que j’aille. Son visage me hante et cela ne présage rien de bon. Dans ma tête il fallait que je fasse une cure, une cure de désintox aux jolies blondes, et vite. Pour m’échapper un instant de ce cauchemar, moi et snoopy partirent nous promener dans le parc dédié à la chine. Un parc emplit de zen attitude qui vous détend dès les grilles du parc franchis. Voilà un des rares moment où votre esprit s’évade de la dure réalité de la vie. Vos problèmes se casent dans un petit coin de votre tête et vous ne pensez plus à rien. C’est-ce genre de moment que j’apprécie. Bien évidemment chanceux comme je suis, il fallut que je tombe nez à nez face à l’unique personne que je désire éviter ; Loan. Toujours aussi resplendissante je pus m’empêcher de décocher un petit sourire niais. À sa vue je devenais gaga, voir complètement zigoto. Je perd la parole, me met à suer, bref des sensations étranges qui m’envahissent et me font perdre mes moyens. Encore une fois je ne faillis à la règle. Bégayant comme un véritable coincé, je voulus m’enfuir loin, très loin pour échapper à ce petit face à face. Car la honte c’était éprise de moi me paralysant de tout mon corps. Figé comme un véritable gland je ne sus quoi dire mise à part faire les présentations entre elle et mon chien auxquelles elle répondit franchement et directement ; « Je n’aime pas les chiens. ». Au moins elle a le bénéfice d’être claire et nette. Pourtant les chiens c’est adorables, et snoopy l’est encore plus. Face à cette réplique sanglante, je resta muet comme une carpe. Planté comme un piquet face à elle, je la fixais sans savoir quoi ajouter. Mais pas la peine de l’ouvrir, elle le fit à ma place ; « Ca fait longtemps qu’on ne s’est pas vu. » Logique la dernière fois nous nous sommes embrassés avant de se laisser sur cette dernière impression et n’oser se rappeler. Pour bien appuyer sur le fait que cela fait un moment que nous nous sommes croisés, Loan renchérit en reprenant aussitôt la parole . « Comment tu vas depuis tout ce temps ? » «  Et bien super ! J’ai la patate, les cours c’est l’éclate, fin bref je naaaaage dans le bonheur » . Affichant un grand sourire de parfait naïve, je voulus me cacher dès lors que j’acheva ma réponse. Comme d’habitude je joue le malin, me fait passer pour un véritable débile et ment. Comment nager dans le bonheur alors qu’en vérité vous pataugez dans la gadoue ? Mais avouer que depuis la dernière que nous nous sommes vus je ne pense qu’à elle serait légèrement exagéré et elle pourrait partir effrayer. Quoi que si elle ne l’est pas déjà. « Et toi ? Tu vas bien ? » Que répondre d’autre mise à part relancer la question. La discussion s’annonçait riche et fructueuse dis donc. Je baissa légèrement la tête ne voulant me noyer dans son regard. Je vis alors Snoopy s’impatienter légèrement, je lui détacha sa laisse pour qu’il puisse aller gambader un peu. Quelques minutes plus tard celui revint vers moi avec des plantes enserrées entre ses crocs. De jolies fleurs d’un rosées avec encore leurs racines et de la terre dessus. Se replaçant près de moi il me tendit son colis que je pris immédiatement. « Crétin ! Faut pas arracher les fleurs du parc, si le gardien me voit je risque d’avoir des ennuis ! ». Quand on parle du loup. Posté quelques mètres plus loin un homme en uniforme me fixait d’un regard intensément noir. Par réflexe je cacha derrière mon dos les fleurs arrachées avec soin de snoopy. Ce n’est guère le moment d’avoir des embuches. Arrivant à grand pas vers nous, je pris Loan par le bras et l’emmena avec moi. Rapidement la silhouette du gardien ne devint que ombre. Me faufilant parmi les buissons, je finis par me stopper dans un coin éloigné du chemin principal qui me paraissait sûr. Lançant un regard d’excuse à la demoiselle, pour me faire pardonner je lui tendis les fleurs. « Tiens prend les, elle sont à l’image de ta beauté ! » Le cœur le plus sensible à la beauté des fleurs est toujours le premier blessé par les épines.

Ce n’était pas différent, ni même banal. Je me doutais légèrement de ce que je ressentirais une fois que mes yeux recroiseraient de nouveau les siens. Déjà, le baiser m’avait laissé sur ma faim, à la recherche d’autre chose, nous avions quand même pris la fuite. Au jour d’aujourd’hui, je sais que certaines questions continueront de se trouver sans réponses. Ainsi va la vie me dira-t-on. Ainsi vont les doutes, je dirais plutôt à ceux qui voudraient me dire cela. Depuis Skyden, je n’avais rencontré aucun autre homme, pas même une once d’excitation dans le ventre, pas même ce petit pincement au cœur qu’il était parvenu à provoquer dans mon âme trop blessé pour aimer de nouveau. Après, savoir si c’était de l’amour … Je ne pouvais pas en être sûre, mais j’avais ben ressenti un manque. Un manque inconsolable à cause de cette douleur qui envahissait tous mes membres.

Première parole, premier mensonge. Il ne fallait pas s’en attendre à autant de ma part. Après tout, je n’étais pas disposée à retomber dans ce cercle vicieux dans lequel nous nous étions tranquillement posés la fois dernière. Nous nous étions fréquentés, comme des amis, comme deux personnes qui se cherchent, qui s’attendant à se trouver et quand cet instant a lieu, décident de s’en aller. De faire comme si de rien n’était. Après tout, je devais sans doute m’attendre à ce que tout ceci ne soit qu’un jeu. Je me sentais prête à y jouer si cela devait m’apporter un peu de réconfort. Mon attitude, cependant, contrastait entièrement avec mes envies profondes et enfouies quelque part en moi. C’était inévitable. J’avais envie de goûter de nouveau à la saveur de ses lèvres, mais une partie de moi me l’interdisait formellement. Pourquoi ? Tout simplement parce que j’avais l’impression que cette fois-là serait différent, occasionnerait peut-être quelques changements. Et je ne désirais pas voir ma vie changer. Au final, la seule chose que j’étais entrain de faire fut de le mettre mal à l’aise. J’adorais les chiens et à l’instant présent, je rêvais de m’accroupir près de Snoopy, de caresser sa jolie frimousse. Avec un peu de chance, il montrerait à son maître la voie qu’il faut suivre. Alors pour détendre un peu l’atmosphère, je lui dis remarque que cela faisait un bout de temps que nous nous étions par croisés. Ce n’était pas étonnant. La ville était assez grande pour que je puisse éviter de le voir à chaque rue, chaque boutique et j’en passe. Par politesse, je lui demandais aussi comment il allait. Sa réponse me décrocha un sourire. Skyden n’avait pas perdu ses vieilles habitudes en tout cas. De mon côté, je répondais avec un peu plus de sérieux. « Eh bien, ça va. C’est relativement une bonne nouvelle, je crois. » Je n’avais aucunement envie de fuir devant lui. J’aurais préféré, en vérité, que ce soit lui qui ait peur de moi. Au lieu de ça, il restait planté là, un sourire sur le visage, me dévisageant presque et me troublant au passage. Mais ça, je me retiendrais bien de le dire.

Cette rencontre hasardeuse paraissait être le coup du destin, une sorte de coup de pieds aux fesses pour que nous puissions l’un comme l’autre, nous rendre compte de l’évidence. Depuis ce fameux soir, nous n’avions pas abordé le sujet alors que pourtant, j’étais certaine que ce baiser avait été apprécié par moi, mais aussi par lui. Je me souviendrais toujours de ce dernier regard. J’aurais voulu lui avouer ma volonté qu’il reste avec moi. Au lieu de ça, j’étais partie, il était parti et depuis, pas un seul mot, pas un seul message, pas un seul appel. Donc voilà entre autre la situation dans laquelle nous nous retrouvions. L’un en face de l’autre, j’en profitais pour regarder autour de moi, les passants, les courageux faisant du jogging et puis ses enfants qui riaient aux éclats. Le vrai bonheur en somme. Je m’amusais même à regarder son chien courir dans les jardins mais pendant un temps, je l’avais perdu du regard. Quand il revint, c’était une bien drôle de surprise qui nous attendait. Face à la colère de Skyden, je ne pouvais m’empêcher de rire. Evidemment, un rire bref parce que le gardien ne tarda pas à faire son apparition. Je me retrouvais vite emporter je ne savais trop où. Sans doute dans un coin, à l’abri. Honnêtement, ce n’était pas la meilleure solution. La proximité est telle, que j’en avais le souffle coupé. M’offrir des fleurs, c’est comme m’offrir le monde ; ça parait presque impossible au premier coup d’œil. Enfin, dans le deuxième cas, ça le reste. Mais l’intention me touche et même si elles sont volées, le compliment qui les accompagne ne peut m’empêcher de me faire rougir. « Je te remercie. » Je les ai donc pris, en les humant au passage. Elles avaient ce léger parfum de printemps, agréable pour ce sens que nous ne prenions guère le temps de développer. Le coin n’était pas propice au rangement. Plutôt étroit, en réalité. Je les déposais donc sur le sol, m’efforçant d’y penser chaque seconde pour ne pas les oublier. Sauf que maintenant, autre chose me passait par la tête. Je relevais le visage vers celui de Skyden, toujours sur le coup de l’émotion. « On n’en a jamais reparlé Sky. » Manière gracieuse d’aborder le sujet. Je n’étais pas certaine que ça en vaille le coup, mais j’étais prête à tâter le terrain. « Quand je te regarde je me sens pleine d’incompréhension, de non-dits et ce n’est pas agréable. Je préférerais que les choses soient claires. » Je baissais les yeux un instant, le chien semblant être repartie à son petit tour. Il fallait espérer qu’il n’aille plus s’amuser à voler les fleurs cependant. « Parce que pour moi, elles le sont depuis tout ce temps. Je n’ai rien à regretter. Je t’ai … enfin, j’en avais envie. » Si auparavant, mes paroles s’avéraient être plus tranchantes, à présent, ma voix était douce, presque trop timide. Un sujet comme celui-ci, jamais encore je ne l’avais abordé avec qui que ce soit.

Si j’avais pu avoir une petite baguette magique je l’aurais utilisé pour m’éclipser de cette situation. Mais trop tard, elle était là, face à moi, à me parler. Arf dieu seul sait que je déteste me retrouver dans ce genre de situation. Pourtant je suis un jeune garçon sûr de lui, bien dans ses baskets alors pourquoi dès que je me retrouve face à elle, je perd mes moyens ? Un mystère à résoudre s’offre à moi. Mais trêve de discussion ou du moins il fallait que je cesse de me torturer les méninges ainsi. Dans ma tête en ce moment c’était le bazar total. Un sourire, un baiser, une parole, l’ensemble se mêlaient et me faisaient encore plus perdre la tête. Suis-je devenu fou ? Fou d’elle, de sa chevelure d’un blond doré, de ses yeux en amandes, ralala je craque totalement. Mais il fallait que je me ressaisisse, de toute manière il n’y avait aucuns échappatoires. Et la conversation débuta rapidement par quelques petites bribes de mots. Finalement ça allait.

Du moins ça allait jusqu’au moment où Snoopy revint vers moi avec des fleurs volées me mettant à dos le gardien du parc. Du coup dans la précipitation je pris Loan avec moi l’emmenant dans un coin plus abrité. Accroupies derrière un fichu buisson, j’offris en signe d’excuse de ce petite désagrément, les fleurs arrachées par mon stupide chien qui d’ailleurs était déjà reparti gambader. Agenouillé face à elle quand je lui tendis les fleurs maladroitement, elle me remercia d’un sourire ainsi que de quelques paroles :  « Je te remercie. » « Y a pas de quoi … ». Et bien évidemment j’afficha également un petit sourire. Plus je la regardais, et plus je me dirais qu’une nana comme elle il n’y en a pas cent. Je suis en train de me laisser avoir par une fille ? Non pas que je sois machiste mais faut que dès maintenant je me ressaisisse. Depuis que je la connais, mes potes ne me reconnaissent plus, me traitent sans cesse de lavette et autres adjectifs stupides. Finalement ils me pensent soumis à la belle blonde. D’un côté ils n’ont pas tord, c’est pour cela qu’à force d’y penser et d’y réfléchir, l’image que les gens ont de moi et moi-même je ne me reconnais plus. Le Skyden sûr de lui n’est plus là et cela à cause d’une fille. Je commençais à me remettre en question laissant s’installa un petit blanc dans la conversation mais Loan reprit très vite la parole pour entamer LA conversation.  « On n’en a jamais reparlé Sky. » . Exact, depuis ce baiser nous ne nous sommes même pas expliquer sur ce fait. Ce baiser qui m’a rendu si romantique, tendre et totalement naïve. Cette fille est comme les autres, elle se fout de moi, j’en suis persuadé. Voilà que je commençais à me monter la tête afin de me reprendre et d’affronter cela comme je le devrais, tel un homme. « Quand je te regarde je me sens pleine d’incompréhension, de non-dits et ce n’est pas agréable. Je préférerais que les choses soient claires. » Je ne comprenais pas tellement où elle voulait en venir, en fait j’étais tellement absorbé par mes propres pensées, mes propres questions que je l’écoutais à peine. « Parce que pour moi, elles le sont depuis tout ce temps. Je n’ai rien à regretter. Je t’ai … enfin, j’en avais envie. » . Je resta un instant la fixer sans rien dire, ajouter ni même bouger un cil.

Puis je repris mes esprits. Elle était là, face à moi, à me dire que le baiser échangé et bien c’était une chose qu’elle a apprécié. Je me leva brusquement. Pour un homme comme moi, cela allait trop vite. Je ne suis jamais tombé amoureux donc je ne peux pas savoir ce que l’on peut ressentir. Enfin rectification, je suis tombé amoureux une fois et c’est quelque chose de pas très très drôle. Du coup quand elle me parle d’incompréhension cela me dit qu’elle pourrait ressentir quelque chose moi. Et c’est certain de mon côté que je ressens un truc car rien qu’en la voyant j’ai les jambes qui tremblotent. Mais je ne veux pas vivre ça. Je l’ai chercher, j’en ais conscience mais je ne savais où je m’aventurais. Du coup je me retrouve complètement paumé face à un mur immense. Je me leva brusquement, l’esprit embrouillé. La jeune femme se leva en même temps que moi, ne comprenant pas tellement mon comportement. Je m’approcha d’elle, posa délicatement mes lèvres sur les siennes laissant durer le plaisir quelques secondes avant d’écarter mon visage et commencer à partir. Effrayant, voilà le mot. J’étais pétrifié mais fallait que j’agisse en même viril. Sauf que l’embrasser n’avait rien de viril mais en même temps ce fut plus fort que moi sur le coup, ce qui explique mon départ précipité. Dorénavant à la recherche de mon chien, je voulais m’éloigner aussi vite que possible d’elle et l’emprise qu’elle a sur moi.

Je me suis toujours demandée ce que ça faisait de perdre quelqu’un à qui l’on tient, en qui on a vraiment confiance sans passer par la case on se reverra un jour, ne t’inquiète. Lorsque je regarde Skyden, je ne suis pas rassurée de cette façon. Je me dis justement qu’il pourrait partir aussi vite qu’il est entré dans ma vie, sans détours, sans un au revoir. C’est peut-être ça aimer quelqu’un ; ne jamais savoir de quoi sera fait demain et s’en ficher simplement pour être capable de profiter de chaque jour passant. Je voulais bien y croire pour une fois. Juste une fois, avec lui, me tenant dans ses bras, me susurrant des mots doux, m’appelant dans ses rêves parce qu’il n’y aurait que moi, évidemment. Dans les miens, il en était le protagoniste. Rencontre hasardeuse ou non, nous nous retrouvions dans une situation délicate, derrière un buisson. Fleurs en main, je n’avais de cesse de le contempler comme pour me rappeler que j’avais déjà eu l’occasion de toucher son visage, d’effleurer ses lèvres et de m’imprégner de son parfum. Les battements de mon cœur sont d’ailleurs entrain de me tuer, doucement, mais sûrement. J’aborde le sujet qui nous fait si peur, dont nous n’avons jamais eu l’occasion d’évoquer depuis la fois où cela s’est passé. Je regarde, sérieusement en lui avouant mes craintes. J’étais sûre de moi au moment où nos lèvres se sont touchées. Je ne voulais que lui et ça n’avait pas changé depuis et je n’étais pas certaine que ça puisse changer un jour. Il était unique, je voulais l’être à ses yeux ; rien de plus normal me dira-t-on. Skyden ne répondit pas à un seul moment, me laissant parler, m’exprimer. Peut-être avait-il juste besoin d’entendre que je ne regrettais rien. Pourtant, il n’a pas la réaction escomptée puisqu’à peine aie-je fini de parler qu’il se lève brusquement. J’hésite un instant à en faire de même, mais je me dis qu’il en avait marre de rester ainsi accroupi. Je le vis s’approcher de moi, son visage se colla presque contre le mien, mais ses lèvres, elles, se pressèrent contre les miennes. J’étais incapable de faire quoi que ce soit, le souffle coupé je réalisais à peine ce qui était entrain de se passer. Un baiser qui ne dura guère longtemps mais qui me fit tellement de bien. Je me sentais ailleurs, dans un autre monde où il n’y aurait que nous deux. Je le regardais une dernière fois, léger sourire dessiné sur les lèvres. Sourire qui disparut bien rapidement lorsque je le découvris entrain de prendre la fuite. Pas un seul mot, juste ce geste qui aurait pu vouloir tout dire si seulement il n’était pas parti. Sur le coup, je ne sais pas quoi faire, ni quoi dire.

Je le laissais s’éloigner, me demandant si je ne ferais pas mieux de le laisser tranquille pour toujours. Après tout, ce baiser signifiait peut-être un adieu, une sorte de « je m’excuse mais mes sentiments ne sont pas partagés » ou bien juste la peur. J’avais peur aussi. Gardant les fleurs dans ma main, je me mis à courir derrière lui, parvenant quand même à le rattraper puisque de toute évidence, il était encore entrain de chercher après son chien. « Tu vas vraiment me faire ça ? » Je ne parlais pas calmement, loin de là même. Que tout le monde m’entende ne m’intéressait guère, ni ne m’inquiétait. « Tu vas vraiment fuir maintenant ? Tu vas encore me laisser sans rien dire ? » Les fleurs se retrouvèrent écrasées contre son torse, sous la colère sans doute et déjà, mes yeux se remplirent de larmes. Je ne savais pas quoi faire, quoi dire, ni même ce que je voulais en ce moment précis. Mais la fuite, ça, c’était une sacrée preuve de lâcheté. « Si tu joue, c’est vraiment pas drôle et je n’ai jamais eu envie de jouer avec toi. » Sur ces bonnes paroles, c’était mon tour de tourner le dos. Peut-être qu’après tout, ce n’était pas lui.