RAPHAEL a une histoire assez banale, à vrai dire. Quelques points très importants:
Il est Parisien - du Vème, pour être précise.
Il vient d'un milieu aisé sans faire partie des happy few.
Il a toujours adoré la musique - gratouille sa guitare depuis ses huit ans - ...
et on peut dire qu'il est vraiment doué.
Un niveau scolaire moyen.
Un statut de briseur de coeur qui ne lui plaît pas trop, mais il n'y peut rien, si les filles qui lui plaisent pas mal sont complètement folles de lui. Il n'aimait pas s'engager dans une relation qui inclut des «je t'aime», jusqu'à Fleur.

Je résume rapidement ce qui va être dit ci-dessous, histoire de mettre la situation en place: Fleur est la fille d'une famille de noble provençaux, toute petite noblesse mais pétrie de traditions. Elle grandit en aimant sa famille de tout son coeur et en restant une fille bien sage, mais un côté d'elle beaucoup plus libre, aventureux, passionné reste caché. Alors qu'elle a 22 ans, elle vit une histoire fusionnelle avec RAPHAËL, un jeune rockeur parisien descendu dans le Sud pour les festivals d'été. Ils passent trois mois magiques, chacun étant la raison de vivre de l'autre. Raphaël a toujours eu du succès avec les filles, mais, sans vouloir leur faire de la peine, il a toujours fini par les lâcher car il n'éprouvait jamais rien de plus que du désir physique.
Mais Fleur est pour lui une révélation. Quant à elle, qui n'a jamais vraiment vécu d'histoire à part de courts ''sortir avec'' au lycée, elle est complètement chamboulée et découvre une partie d'elle-même qu'elle ne connaissait pas, toujours aussi romantique, sensible, élégante, mais plus sauvage, passionnée, aventureuse.

EXTRAIT D'UNE LETTRE DE FLEUR À SA MEILLEURE AMIE DELPHINE, RESTÉE EN FRANCE.

Il m'a fait devenir moi-même. Il (je n'arrive pas à prononcer son prénom, alors, l'écrire!) m'a révélée, m'a sortie de mon carcan, de ma prison ! ... Ne tombe pas dans le piège dans lequel mon père est tombé quand j'ai tenté de le lui expliquer. Ne commets pas l'erreur de croire que le carcan, c'était ma famille et mes robes blanches de jeune fille en fleur, que la prison, c'était le château de l'avenue de la République! Ce n'étaient pas pour moi des contraintes. Ce qui l'étaient, c'était cette façon qu'avait mes parents de me voir(...) Ils me voyaient toujours, malgré les différents droits que j'acquérais, comme une petite fille habillée en Bonpoint, à qui sa maman venait faire un bisou le soir, qui répondait «Oui, Papa» à son père sous peine de se voir faire les gros yeux... J'ai l'impression que pour eux, j'aurais beau faire toutes les études du monde, grandir, devenir une femme physiquement, avoir un copain, devenir chirurgienne, ils ne me verront comme une adulte que quand je serais mariée, établie. Là, et là seulement, j'aurais le droit d'avoir une vie sexuelle, là seulement mes soucis seront dignes d'intérêt... Ils ne voient pas qu'IL m'a changée? Qu'après son passage, et surtout après son départ, je ne suis plus du tout la même ?
(..)
Mais c'est maintenant que je ne suis pas d'accord. J'ai 23 ans. J'ai eu mon bac il y a six ans maintenant. Je n'ai pas fait d'histoire, je suis rentrée de Marseille tous les week-ends, je ne leur ai jamais présenté de copain, et en fait, je crois qu'ils n'ont pas compris que j'était adulte, que ça y est, j'ai franchi la frontière invisible.
Quand IL a débarqué avec son groupe de rock qui devenait de plus en plus connu, quand IL est monté sur scène avec son slim et son blouson de cuir, ses cheveux un peu fous, en parfait parisien, avec une voix incroyable, j'ai ressenti ce qu'on ressent toutes les deux quand on regarde Coup de Foudre à Notthing Hill. Waw, il est troooop bôôôôô. J'adorais ses chansons, et je suis restée en extase pendant tout le concert, mais il était intouchable.
Mais quand je l'ai revu, à cette soirée où tu m'a traînée le lendemain du concert, un rhum-coka à la main, il a pour moi perdu de ce qui faisait de lui un dieu. Il était magnifique, mais normal. J'étais pompette, et toi et les copines, vous m'avez pressée d'aller lui parler, je me sentais particulièrement audacieuse ou je ne sais pas, mais j'y suis allée. «Salut», «Hey», «Tu es bien ... (pardon, je t'ai dit que j'avais du mal avec son nom) ?», «Oui, oui, c'est moi, ça m'étonne que tu connaisse.» «C'est parce que je suis fan, c'est normal. Tu restes ici combien de temps?» «L'été va commencer, et il y a pas mal de festivals dans la région, alors on peut dire que je reste dans le coin quelques mois...», et caetera, et caetera pendant quelques minutes. À ce moment-là, j'étais plus fière de mon audace qu'attirée par lui. Mais tout a basculé quand ils ont passé une de ses chansons, un truc pas très connu, pas le single que tout le monde connaissait, c'était un slow, et je me suis mise à chantonner. Je la connaissais par coeur cette chanson, je l'adorais, c'était ma préférée, et j'avais failli pleurer quand il l'avait chantée la veille. Maintenant, c'était lui qui avait les larmes aux yeux. Il me regardait, je l'ai chantée jusqu'au bout, et je me suis mise à n'exister que dans son regard, j'étais une autre que je n'avais jamais été et pourtant j'étais moi-même... Je suis tombée amoureuse de lui le temps d'une ballade de trois minutes!
Et je me rendais compte qu'il se passait un truc chez lui aussi, que c'était réciproque, qu'un garçon normal ne se serait pas mis à presque pleurer pour mes beaux yeux. Mais je ne réalisais pas que lui, le chanteur, le Parisien tombait amoureux lui aussi tant ça me semblait une évidence.
Dès que la dernière note de la chanson est tombée, on s'est pratiquement jetés l'un sur l'autre. On est sortis dehors, dans l'ai de l'été, on a parlé, parlé, on s'est embrassés, embrassés à n'en plus finir.
Tu connais la suite. C'a été l'idylle pendant deux mois et demi. Tu connais ma première fois, la «seule qui aie compté pour lui», selon lui. Tous ces détails tu les connais, et je t'ai bien vu me regarder, surexcitée, quand on s'est dirigés vers la porte. Mais j'avais besoin de te raconter ce que j'ai ressenti. Ce n'était pas une amourette ordinaire, Delphine. C'était bien plus que ça. Tu ne connais que les faits, il faut que je te raconte les émotions.
Delphine, je n'ai jamais dit que c'était l'homme de ma vie. Mais pendant deux mois, j'ai vécu une histoire qui sortait de l'ordinaire, je le sais, sans vouloir me prendre pour Juliette (ou pour Iseult, ha, ha, ha!). C'était difficile à raconter, ça paraissait assez présomptueux de présenter ça comme ça, d'oser te dire en face « Oui mais Delph', tu ne comprends pas, c'était bien plus que ce que tu vis avec Antoine!»
Donc tu n'as pas compris. Il est reparti à Paris le 2 septembre. Sans laisser un mot, sans un au-revoir, il m'a laissée l'ombre de moi-même, et personne n'a réalisé que c'était plus que mon premier chagrin d'amour. Oh, Nina, il m'a fait devenir moi-même, il faisait partie de ma nouvelle identité, de celle qui s'assume, moins timide qu'avant parce qu'elle est heureuse. Je m'appuyais sur lui, sur son amour, je n'existais que pour lui et il est parti. On m'a enlevé ma béquille.

J'ai traversé les trois, quatre mois de tristesse réglementaires, sans que personne ne s'inquiète. J'ai pleuré et pleuré et pleuré tant que j'avais le coeur qui coulait par les yeux, et encore une fois, les autres compatissaient, mais il n'y avait rien de grave pour eux, ni pour toi ma Delphine.

Il a fallu que je parte, le plus loin possible de là où je suis née, de là où je l'ai connu. C'est à Aix que réside mon ancienne moi, qui m'appartient encore, mais je dois découvrir mon autre facette, la fille libérée qui s'est cachée pendant vingt-trois ans. C'est à Aix aussi que nous avons vécu notre bonheur, et je ne peux plus voir la boulangerie sans penser à nos croissants du matin, à la fontaine sans chercher la pièce que nous y avons jetée, je suis détruite.
Il m'a transformée et il est parti. Pour ces deux raisons, Aix pour moi est invivable.

Je ne vois pas comment je pourrais trouver un endroit plus différent de la Provence que Sydney. Tout ici est changé et j'aime ce nouveau monde.
Je reviendrais, bientôt j'espère, quand la Fleur d'avant et la Fleur d'après pourront cohabiter sans problème.

J'espère que tu me pardonnes et que tu me comprends, Delphine, et j'ai un secret à t'avouer, quelque chose que j'ai gardé pour moi tout ce temps, et tu comprendras que c'est aussi une raison déterminante à mon départ.

J'attends un bébé, ma Delph', un bébé qui ne connaîtra pas son père! Je ne sais pas quoi faire, et la date limite pour l'avortement est passée; en plus, mon père ne me l'aurait jamais pardonné.

Pourtant, en septembre, il la quitte. Ce que Fleur ignore, ce sont les raisons de ce départ: RAPHAËL fait partie de ce groupe qui monte de plus en plus et les copains qui en font partie estiment normal de l'«aider» à s'éloigner de celle qui compte énormément pour lui. Ils ont surtout peur d'un éventuel refus de repartir, voyant comme Fleur et RAPHAËL sont attachés, et après un concert particulièrement crevant suivi d'une bonne beuverie, ils l'embarquent dans leur camion et refont route vers Paris. Le chagrin d'amour, quoique traité de manière différente par RAPHAËL, est tout aussi éprouvant. Pourtant il oublie Fleur, ou s'habitue à son absence, et finit par retrouver la situation de ''fille sur fille sur fille'' d'avant Fleur.

Fleur, elle, est partie en Australie pour se ressourcer , redécouvrir sa nouvelle personnalité ailleurs, et continue, toujours dévastée, ses études de médecine à Sydney. Et c'est là que - je vous accorde que ce n'est pas hyper crédible, mais on est quand même sur un RPG... - RAPHAËL, en tant que beau gosse adulé des adolescentes françaises, accepte un projet de film dans lequel il jouera un rockeur qui tombe amoureux d'une pianiste, dont le tournage de six mois, comme par hasard, se déroule à Sydney. Fleur est vite mise au courant par Delphine qui l'apprend par les journaux, et ne va pas résister à la tentation d'aller le voir, surtout qu'elle a une nouvelle très importante à lui annoncer... à savoir sa grossesse.