Les lèvres se cherchaient, s’agaçaient, se trouvaient avant de se séparer pour mieux se retrouver par la suite. Les langues s’enlaçaient, se déliaient, les dents mordillaient la peau tendre qui rougissait face à cette caresse douloureuse mais oh combien sensuelle. Les mains n’étaient pas en reste et se baladaient sur le corps de l’autre, épousant les formes, taquinant les points sensibles. L’ambiance était électrique entre les deux corps et aucun des deux jeunes (car avec toute cette fougue, on ne doute pas qu’on assistait un ébat entre deux adolescents qui profitaient de leur liberté) n’auraient voulu rompre cette étreinte. Le couple de loin paraissait parfaitement assorti. L’homme semblait pouvoir rejoindre l’équipe de basket australienne et on lui aurait facilement donné un bon mètre quatre-cinq si ce n’était plus. Après tout, ce n’était que de l’approximatif. On pouvait aussi lui accorder une carrière de sportif puisque ses muscles se dessinaient parfaitement sous son t-shirt. Ses cheveux bruns étaient légèrement mouillés et tombaient devant ses yeux fermés qu’on entraperçut quand il les ouvrit légèrement pour jeter un coup d’œil à sa partenaire avant de migrer vers son cou qu’il commença à mordiller, sucer et tant d’autres choses qui firent gémir la jeune femme. Sans aucun doute, pour clôturer la description du bellâtre brun, on aurait pu le décrire tout simplement comme le stéréotype du surfeur australien qui prend les vagues et qui parle avec un langage bien à lui. A côté, ou plutôt, sur lui, il y avait cette jeune femme blonde qui semblait plus jeune de quelques années aux paupières fardées, à la bouche pulpeuse, au déhanchement sensuel. Ses cheveux blonds tombés de toute part, couvrant parfois ses yeux, ses joues, son cou ou ses lèvres mais les mèches sauvages étaient immédiatement rembarrées pour laisser passer les soupirs, les baisers et les prénoms murmurés dans l’intimité (si s’embrasser et se peloter en plein milieu d’une place publique, près de la mer en plein après-midi lorsqu’il y avait foule pouvait être considéré comme intime). D’ailleurs un nom s’échappa de la bouche de la blonde, un murmure entre deux mondes, la réalité et les fantasmes. « Ashton… » « Pardon ?!? » Le brun s’était éloigné, un air horrifié sur le visage comme si on venait de proférer un blasphème. La blonde s’éloigna à son tour et réfléchit quelques secondes, le temps de retrouver ses capacités intellectuelles, sur ce qui avait pu fâcher sa future conquête. Sa future ex conquête, pensa la blonde avec un certain cynisme, quand elle réalisa qu’Ashton n’était certainement pas le nom de cet homme. Ashton ne pouvait être et ne serait jamais ce genre de mec qui pense que parce qu’il a une planche de surf, des muscles d’aciers et un sourire à faire envier les représentants de la marque Colgate pouvait avoir toutes les filles qu’il voulait. Non, jamais ! Ashton était plus raffiné, plus mature. Adulte et définitivement sexy, un charme qui ne correspondait pas à l’homme qui la regardait avec un regard mi-agacé mi-choqué. Pitoyable pensa Jenn’ quand on savait qu’ils ne se connaissaient que depuis un quart d’heure à tout casser, le temps d’échanger deux phrases et de se jeter dessus. Non, définitivement non. Ce n’est pas ici qu’elle voulait être, c’était ailleurs. Elle se redressa et avec un sourire amusé, elle déclara : « Ne m’en veux pas, on m’attend ailleurs, inutile de me donner ton numéro, il y a cette fille brune là-bas qui prendra la peine de le noter. » Elle lui fit un petit signe de la main et sans un autre regard, tourna le dos. Il y avait un léger vent cet après-midi et ses cheveux blonds voletèrent ainsi que les pans de sa chemise bien trop grande pour elle. Une chemise indéniablement masculine, pour tout dire, elle n’était pas à elle mais à cet Ashton qui n’avait eu le choix que de lui donner sous risque de provoquer un agacement certain chez Jenna et personne n’aimait savoir Jenna énervée, surtout quand cette Jenna possédait de quoi bousiller votre vie. Bref, depuis que la blonde avait cette chemise bleu ciel, elle la portait en permanence, l’accordant au gré de ses envies. Aujourd’hui, elle l’avait laissé ouverte, dévoilant un top qui lui-même dévoilait le haut de ses sous-vêtements, la dentelle qui dépassait était aussi noir que le débardeur ample qu’elle portait, le tout assorti à une jupe en jean délavée et des spartiates à talons noires, pour prolonger l’harmonie des couleurs. Ses talons claqués sur le sol et on la regardait passer, fendre la foule comme si elle était au dessus de tout cela, avec ce sourire plaqué sur ses lèvres qui était clairement joyeux et… amoureux. Et amoureuse elle l’était, amoureuse d’Ashton. Et elle n’avait qu’une envie de le retrouver. Alors tout en sortant son portable de son sac en bandoulière, elle prit la direction de l’appartement du brun, tenant absolument à lui rendre une petite visite. Qu’elle décida être une surprise tout en remettant son BlackBerry dans son sac qu‘elle avait sorti pour le prévenir. Elle n’était pas très loin de chez le jeune homme et fut là-bas en une dizaine de minutes. En chemin, elle avait acheté des fraises en chocolat, elle était tombée sur une supérette qui en vendait et n‘avait pas pu résisté à cette sucrerie qui était de loin sa préférée. Satisfaite et excitée, face à l’idée de l’après-midi qu’elle allait passer avec son si parfait… demi-frère ? Entre autre, mais aussi avec celui qu’elle considérait comme l’homme de sa vie, l’homme avec qui elle voulait passer toute sa vie, avoir des enfants, et j’en passe. Rien qu’à cette pensée, elle accéléra le pas et rentra presque en courant dans l’immeuble du brun, pressée de le retrouver. Elle parcourut le hall à toute vitesse et appela l’ascenseur. Comme si l’appareil comprenait son empressement, il s’ouvrit immédiatement et elle se faufila à l’intérieur. Elle appuya sur le bouton de l’étage du jeune homme et attendit sagement que l’appareil démarre. Et quand les portes allaient se refermer, une main apparut dans son champ de vision et les rouvrit. Un homme brun prit place dans l’ascenseur et posa ses yeux sur la blonde et Jenn’ put presque dire qu’un effroi venait de l’envahir quand il la reconnut. Une moue mi-boudeuse mi-amusée se dessina sur son joli minois. « Ashton ! » s’écria Jenna, ravie que le destin les réunisse plus tôt que prévu. Elle allait se jeter dans ses bras mais une fois encore, elle n’eut rien à faire puisqu’un tremblement secoua la machine et fit perdre son équilibre à la lycéenne. Elle chuta et se rattrapa à ce qu’elle put, c’est-à-dire, son cher demi-frère qui par réflexe la retint. Une pensée se fraya dans son cerveau alors qu‘elle se collait exagérément contre le torse de ce dernier : Nous sommes tous les deux coincés dans l’ascenseur… Et un sourire presque inquiétant étira les lèvres pulpeuses de la blonde. Elle savait bien que son après-midi serait parfait si elle était avec Ashton.

Ashton avait passé une nuit agitée hier soir. Une nuit dans les bras d'une charmante brune. Le seul souvenir qu'il eu gardé d'elle au petit matin était cet simple odeur, qui l'avait interpelé avant qu'elle ne tombe sous son charme. Ce doux parfum Chanel s'était imprégné dans ses vêtements au petit matin. Il s'était levé suffisamment tôt pour que la fille dans son lit soit encore plongée dans un sommeil profond. Tout semblait se dérouler comme d'habitude. Ashton avait délicatement récupéré ses affaires, s'appliquant à éviter tout bruits parasites susceptibles de le trahir. C'est lorsqu'il quitta l'appartement sans établir une dernière vérification qu'il commit l'erreur infaillible. Il avait oublié son i phone à l'intérieur. Ne pouvant décemment pas partir sans l'avoir récupérer, il dû se résigner à revenir sur ses pas. C'est donc à contre cœur qu'il sonna à la porte de son ex conquête, tout en pestant contre sa stupidité. Devoir supporter les injures d'une femme de si bon matin était une chose qu'Ashton supportait difficilement. Il préférait largement jouer la carte de la lâcheté pour s'épargner les discours insipides des demoiselles épanouies. Quitte à se faire passer pour un bel enfoiré. Il n'avait jamais nié en être un de toute façon. Tant que cette réputation n'entachait pas son rapport avec les femmes, il ne voyait pas l'intérêt de cesser ce petit jeu. Pourtant aujourd'hui, il était temps pour Ashton de passer à table. Enfin, au révélation quoi. Restait maintenant à trouver le moyen de ne pas trop se faire cuisiner par la jeune fille qui lui faisait face, et qui affichait une gueule de bois peu docile, dixit le parquet qu'elle fusillait littéralement du regard. Sur le moment, Ashton était plutôt content de ne pas être sa cible. Non pas qu'elle lui faisait peur mais presque. Il fallait aborder le sujet avec pincette. Ce qui ne relevait pas des capacités d'Ashton. Dans ce cas là, il ne vaut mieux pas passer par quatre chemins. Autant y aller franco et voir ce qui se passera ensuite. « C'était le bon moment pour moi de m'éclipser mais j'ai oublié mon portable en partant. Le truc bête quoi. » Aussitôt dit, aussitôt fait. Elle lui laissait le champ libre sans manifester la moindre contestation. Pas même besoin de lancer ce sourire désolé hypocrite dont il avait le secret. L'humeur d'Ashton pouvait se porter comme il faut, les maux de tête de la jeune femme avaient l'air de l'assommer complétement. Son plafond s'écroulerait qu'elle ne le remarquerait même pas. A croire qu'un ange gardien veillait sur son bien être. Ashton détalait de l'appartement une bonne fois pour toute, laissant la fille comater sur son canapé. Il ne pu résister à emporter avec lui la bouteille de whisky qui prônait fièrement sur l'une des étagères. La chance ne semblait plus au rendez vous lorsqu'il se retrouva devant l'immeuble qu'il avait habité l'espace d'une nuit. Le quartier lui était méconnaissable. Pourtant Ashton connaissait cette ville comme sa poche. Quelque chose ne collait pas. Il utilisa la fonction GPS de son i phone pour mettre fin à l'énorme doute qui l'habitait. A sa grande surprise, il n'était pas à Sydney mais dans une petite ville annexe à la métropole. Ashton poussa un profond soupire d'exaspération. Il avait été une nouvelle fois victime d'un trou de mémoire plutôt important. Heureusement que la fille était jolie et qu'il n'avait pas eu l'air d'avoir perdu son temps. Tout de même légèrement agacé, il appelait un taxis pour le ramener chez lui, espérant passer le reste de sa journée à décuver tranquillement. Le taxi l'ayant déposé à bon port, Ashton donna une importante somme d'argent au chauffeur. Non pas qu'il était d'humeur généreux. Ashton ne l'était jamais lorsqu'il s'agissait d'argent. Mais ce jour là, il avait juste la flemme de compter. Avant d'entrer dans l'immeuble, Ashton repositionna sa cravate et remit ses cheveux en place. Les matins comme celui là ne lui donnait pas l'impression d'être toujours sur son 31, or, il aimait faire bonne impression en toute situation. C'est donc avec une assurance qu'on lui reconnaissait tous, qu'il pénétrait dans le hall. Son regard se posa d'abord sur un homme posté à l'entrée, aux alentours de la quarantaine, et paraissant absorbé par un livre de Rousseau. Puis il se déporta sur la porte de l'ascenseur, qui était tout juste en train de se refermer. Ashton accourut donc dans sa direction et réussit à retenir juste à temps la porte. Lorsqu'il fut entré, ses yeux se posèrent sur la seule personne qui se trouvait à l'intérieur. Jenna Lee. Il regretta presque aussitôt son geste. Tout à coup, les escaliers lui paraissaient une solution bien moins déplaisante. Instinctivement, il s'était retourné contre la porte. Comme si elle allait se rouvrir comme par magie, alors que l'ascenseur venait déjà d'arriver à hauteur du premier étage. Oui, il arrivait qu'Ashton ait des réactions stupides, mais au moins, elles suffisaient à montrer davantage le mépris qu'il éprouvait pour elle. Malheureusement, rien ne changer les faits. Ashton était parti dans l'optique de passer une après midi tranquille chez lui, et voila que sa demi sœur avait improvisé de son côté une journée en la compagnie du jeune homme. Elle lui faisait face, affichant un sourire radieux qui ne faisait qu'augmenter l'exaspération qu'Ashton ressentait à ce moment précis. Avant même qu'il n'ait eu le temps de prononcer quoi que ce soit, une petite secousse faillit faire tomber la bouteille de whisky qu'il tenait toujours fermement entre ses mains. Il la rattrapait de justesse, avec l'étrange pressentiment que ce whisky serait son assurance vie pour les prochaines heures. Jenna avait profité de ce moment pour basculer sur lui. Enfin, le coup de l'accident, il n'y croyait qu'à moitié. Il y avait autant de probabilité qu'elle atterrisse à côté, mais non, Ashton jouait naturellement le rôle de l'amortisseur à tout les coups. Et puis quoi ensuite ? Il la sentit se coller volontairement contre son torse. Avec la corpulence d'Ashton, il devait au moins la dépasser d'une bonne tête. Il n'aurait donc aucun mal à la virer si elle dépassait les limites de son espace vital. Mais cette fois ci, Ashton avait décidé de jouer avec les nerfs de Blondie. Il se raidit, laissant ses bras maintenus contre son corps et arborait un visage dénué d'expression. Son regard s'était arrêté sur la bouteille qu'il tenait toujours avec autant de conviction. Après une bonne minute, il s'aperçut enfin que l'ascenseur n'avait pas bougé d'un centimètre depuis que la secousse avait eu lieu. Il appuya sur le bouton « ouverture des portes » mais rien ne se passa. Il ne tentait même pas le fameux bouton « en cas d'urgence », car il se souvint qu'il ne marchait pas. (il l'avait déjà actionné bourré) Il songeait alors à appeler le service de maintenance, mais il ne pouvait accéder à son i phone avec Blondie qui le serrait déjà bien trop fort. «  Je sais que nos moments intimes sont précieux blondie chérie, mais là vraiment j'ai une bouteille de whisky qui m'attend et je préfère m'en charger seul. Donc si tu veux bien, je vais faire en sorte d'écourter notre petit tête à tête. » Il avait prononcé cette phrase avec une pointe de sarcasme, histoire de l'énerver un peu plus. Dans un grand élan de motivation, Ashton souleva Jenna sans éprouver la moindre difficulté et la déplaça sur le côté. Si elle avait voulu résister, Ashton ne s'en était même pas aperçu, ce qui l'amusa d'autant plus. Sans perdre son objectif de vue, il s'emparait rapidement de son portable et commençait à en sortir les premiers numéros.