Halloween, fête traditionnelle, qui même si au fil des années, elle perd de son ampleur, elle n'en reste pas moins très appréciée de certains. Halloween, on aime ou on aime pas, mais en tout cas, on ne peut pas pas passer à côté. Entre les déguisements dans les grandes surfaces, les pubs à la télévision, et toutes les soirées organisées, en effet, on ne peut pas louper la date du 31 octobre. D'autant plus qu'ici en Australie, Halloween est une fête très populaire et est célébrée par de nombreux habitants. Tallulah se souvient, que lorsqu'elle était petite, elle sortait le soir, déguisée en sorcière et sonnait à toutes les portes des voisins, accompagnée de quelques amis. Elle criait ensuite la fameuse phrase "Farce ou friandise !" et très souvent, elle revenait avec quelques kilos de bonbons. Elle adorait vraiment Halloween, et elle en garde de très bons souvenirs.

Halloween 2010. Le vingt-cinquième qu'elle passait, et le vingtième qu'elle fêtait. Et cette année, ça promettait d'être très amusant aussi. La fête foraine avait été organisée pour l'occasion, dans le grand parc de Sydney, Tumbalong Park. D'ailleurs de son appartement, elle avait suivi le montage de la Grande Roue, ces derniers jours, et depuis son bureau au New Item Weekly, elle avait une vue d'ensemble sur le parc, et oui, vraiment, ça promettait d'être une grande fête.

Et pour l'occasion, elle avait revêtu un costume de princesse Leïa, la princesse de Star Wars. C'était une tenue très légère, d'ailleurs elle n'allait pas avoir très chaud, mais ça lui allait à ravir. Composé d'un haut doré qui couvrait uniquement sa poitrine, et d'une longue robe marron découpée au dessus des hanches, et qui retombait seulement devant et derrière. Elle avait aussi revêtue une perruque, et à présent, une natte sur le côté venait tomber sur son épaule. On ne la reconnaissait pas.

«Je vais geler Jake.» dit-elle en le rejoignant au salon.

Il était venu la chercher, et lui était déjà prêt.

«Si les hommes me regardent d'un oeil trop insistant, je t'autorise à les fusiller du regard. Tu es prêt ?» dit-elle en rigolant, faisant allusion à un certain moment qu'ils avaient passés sur la plage, durant l'été.

Halloween et Jake, ça n’allait jamais ensemble. Jake déteste Halloween, non mais vraiment, il ne supporte pas ça, si ça ne tenait qu’à lui, le 31 Octobre serait une journée comme les autres. Mais non, évidemment, il faut créer une fête aussi stupide qu’Halloween. Habituellement, il ne faisait rien à Halloween, mais cette année, c’était différent et puis, c’était le moment ou jamais de se changer les idées, non ? Alors il s’était résolu à se rendre à cette stupide fête foraine avec sa chère petite amie qui n’avait apparemment pas trouvé plus léger comme déguisement que celui-ci. Lorsqu’elle entra dans le salon, la bouche de Jake s’entre-ouvrit. Elle avait caché cette merveille où déjà ? Dans tous les cas, il la regarda de haut en bas puis répondit enfin :

« Les fusiller du regard ? Tu rigoles j’espère, je vais les fusiller tout court oui ! Tu es limite en train de sortir en sous-vêtement Tal ! Je dis pas que Moi ça me plait pas, mais je serais certainement pas le seul qui appréciera. »

Il avait dit ça sur un ton qui voulait clairement dire « HALO t’as oublié de t’habiller ! » mais apparemment, elle, se fichait royalement de ça et se contenta de pouffer de rire à sa réaction. Lui avait fait plus classique pour Halloween, du sang, des dents pointus, des vêtements sombres et ça ressemblait plus ou moins à un vampire. Elle lui donna un baiser furtif avant de le tenir par la main et le traîner dehors avec elle.
Au bout de quelques minutes, ils étaient arrivés à la fête foraine : il y avait déjà un monde fou et Jake avait déjà l’impression qu’il aurait du rester chez lui avec Tallulah aujourd’hui et ils auraient passé la soirée - la nuit - ensemble… Elle pouvait même garder son déguisement si elle y tenait ! Bon ok, cessons les pensées perverses. Ce n’est que lorsqu’il passa l’entrée et qu’il regardait la foule de personnes déguisées en tout et n’importe quoi, que son regard s’arrêta quelques secondes sur une personne, blonde, petite, aux yeux bleus, non attend, ça c’est sa copine à lui se tenant juste à côté, soit il voyait double soit sa maladie lui jouait un très gros tour à ce moment précis. Il ne s'en rendit pas compte mais il laissa échapper un petit « Tallulah » comme pour qu'elle le remarque et suive son regard.

« Mais j’avais pas envie de ça, j’avais envie de rien, vraiment rien, juste une cigarette, ah mais j’étais déjà en train de fumer une cigarette. »

Léopoldine avait comme tous le monde à Sydney entendu parler de cette fête foraine pour Halloween, cette fête vieille de plusieurs milliers d’années qui prenait une place hors norme chez les américains, alors que chez les français cette fête prend une bien moindre importance, à Paris elle ne voyait pas souvent beaucoup de gens fêter ce jour de l’horreur. Bien entendu dans son enfance elle avait eu l’occasion de fêter Halloween à Florence, mais le plus souvent sa mère lui offrait une robe haute couture et elles allaient prendre le thé chez des amis à elle.
Donc tout naturellement avec son métier elle décida de se faire elle-même son costume, elle se disait que peut-être sa mère et son père irait à cette fête foraine et qu’elle pourrait retourner leur parler. Comprendre pourquoi ils l’avaient abandonné, pourquoi ils l’avaient empêché de se construire tout au long de sa vie. Et voilà une dernière aiguille et le costume de Léo sera prêt, une robe d’indienne assez décolté il fallait l‘avouer et aussi très courte, avec des petites bottines à frange, un petit tour à la salle de bain, deux tresses, des trais rouges sur ses joues et la voilà partie. Elle ne prit pas la peine de prendre un sac, son portable bien coincé dans une petite poche ainsi que sa carte de crédit.
La jeune femme pensa à Peter, surement en France dans une soirée quelconque, il passerait la nuit avec une femme qu’il ne rappellera plus jamais. Et elle, comme une idiote elle ferait pareil pour compter les points et ne pas être en reste. Elle refusait de passer sa vie à attendre une chose qui ne viendrait jamais, attendre après lui c’était comme attendre une apparition divine de la Vierge Marie. Et la jeune femme était suffisamment lucide pour ne pas croire en un quelconque dieu.
Elle décida de faire le chemin seule qui la séparait de sa magnifique maison à la fête foraine. Le chemin n’était pas très long mais pour une jeune femme, en robe assez légère, la nuit cela devenait assez dangereux. Elle la voyait enfin, elle entendait également des enfants rire ou hurler dans les manèges, elle devait y retrouver quelques amis, ils devaient surement déjà l’attendre mais elle ne se pressait pas pour autant, elle aimait ce temps, marcher dans la rue, elle n’avait rien d’autre à faire dans ces moments là que d’admirer le paysage. Des larmes coulèrent d’elles même, elle n’est pas triste, non, elle ne comprend pas, elle pleure c’est tout, c’est comme ça parce qu’elle a fini par comprendre que quand ça devient trop impossible, il n’y a plus que ça à faire : pleurer. Seulement bien vite elle se reprend et essuie ses larmes. Elle entre dans la fête foraine, un jolie sourire sur son doux visage. Elle allait retrouver ses amis lorsqu’elle sent le regard d’un homme sur elle, se retourne et voit l’homme qui l’avait embrassé dans un bar en l’appelant Tallulah, une femme à ses côtés, était de biais, mais déjà elle semblait ressembler comme deux goutes d’eau à Léopoldine. Elle sentit une vague de colère envers l’homme montait en elle.
- Vous me poursuivez ou quoi ? Calmez-vous mon vieux !

Tallulah comptait vraiment passer une bon après-midi ainsi qu'une bonne soirée à la fête foraine, en compagnie de Jake, mais c'était sans compter sur le fait qu'une personne allait venir tout gâcher, inconsciemment. Alors qu'ils entraient dans le parc, que Tallulah levait la tête vers les attractions, qu'elle entendit Jake murmurer son prénom. Elle détacha ses yeux du grand manège qui lui donnait déjà la nausée, et le regarda. Il semblait fixer quelque chose, ou quelqu'un au loin, et Tallulah faillit bien mourir d'un arrêt cardiaque lorsqu'elle vit son clone à quelques mètres d'elle. Son clone, c'était exactement ça. La même taille, les même cheveux blonds, les même yeux bleus. Bref, la même, des pieds à la tête. Juste les vêtements changeaient. Et Tallulah resta bouche-bée, là, aux côtés de Jake qui semblait tout aussi surpris, et à quelques mètres de son double. Elle lâcha quelques mots incompréhensibles, mais la jeune femme qui lui ressemblait beaucoup trop s'avançait déjà vers eux.

«Vous me poursuivez ou quoi ? Calmez-vous mon vieux !» fit-elle à l'attention de Jake, sous les yeux de Tallulah qui visiblement, ne comprenais plus rien.

Elle qui comptait passer une bonne fête d'Halloween, à peine arrivée que les ennuis commençaient. La jeune femme fixa Jake quelques instants, avant de se tourner vers son double, sa jumelle, son clone bref... peu importe. Elle la regarda, et elle crut réellement voir son reflet dans la glace, comme si on lui avait mit un miroir devant le nez, mais pourtant ce n'était rien de cela.

«Excusez moi mais vous êtes qui ? Ça vous amuse de vous prendre pour moi ? Je sais bien que c'est Halloween mais il y a des limites !»

Cette phrase sonnait comme une stupidité. Comme si quelqu'un aurait voulu se déguiser en Tallulah Belvins un jour d'Halloween, c'était du grand n'importe quoi. Alors qui était cette femme ? Une jumelle, une soeur cachée ? Non, non. C'était tout simplement impossible, on lui avait toujours dit qu'elle était fille unique. Réalisant soudain que la jeune femme s'adressait à son petit-ami, elle se tourna vers Jake, puis vers l'autre jeune femme et dit:

«Vous vous connaissez d'où d'abord ?»