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D' ESTOUREL, ISEULT FLEUR ♣ 23 years old.

feat. miss alexis b(eautiful)ledel.

love always remains ♣ ÂGE : 23 ans. GROUPE : THE SCRIPT. METIER/ETUDES :médecine. SITUATION AMOUREUSE : célibataire officiellement, papillonne officieusement.

♣ I'd like to make myself believe
DESTINATAIRE: DELPHINE AURE D'ARGENT DES DEUX-FONTAINES.
EXPÉDITEUR: ISEULT FLEUR D'ESTOUREL.

Le 23 août 2010, Sydney, Australie.

«Delphine, ma chérie.

Plus qu'à tous les autres, je te dois des explications. Mon départ précipité, l'explication limite que mes parents ont donné à tous les monde (selon Mahaut, ma petite soeur adorée, c'était «elle est partie pour découvrir les grands espaces.» Les grands espaces! Et puis quoi encore ? Je ne nie pas que l'Australie est un pays sublimissime, que je suis éprise de liberté et de vent dans les cheveux, mais je les trouve un peu gonflés de ne pas dire un mot de la vraie raison. Mais bon, passons.) ... je sais que ça a dû te déprimer. Je suis désolée, c'est indigne de nos quinze ans d'amitié, de nos fous rires et de nos confidences, ma Delph', ma Nina, je te connais, je sais que tu as dû te sentir trahie, déçue, et abandonnée. Tu te souviens du pacte de nos huit ans, de notre serment de rester unies et amies pour toujours, de ton refus de mélanger deux gouttes de sang sur nos doigts, et de la coupure que tu t'étais faite sans le vouloir avec notre soi-disant parchemin ? Tu avais pleuré à la vue du sang, et moi je n'en menais pas large. Pour te montrer que ce n'était pas grave, j'avais attrapé mon couteau suisse et j'avais un peu forcé sur l'entaille, il y avait du sang partout, et tu as complètement oublié ta blessure. J'ai encore la cicatrice, tu sais, au bout de mon index gauche, et je n'avais plus pu jouer de piano pendant trois semaines. Nin', je sais que tu t'en souviens très bien et je ne sais même pas pourquoi je te le rappelle, si, en fait, parce que le fait de l'écrire me le fait revivre une deuxième fois, et parce que tu me manques tant que je ferais n'importe quoi pour entendre ta voix. Mais avant de t'appeler, il faut que tu aies tout compris de mes raisons, il faut d'abord que tu reçoives cette lettre et j'espère que tu me pardonneras.
Il ne faut surtout pas que tu croies à la théorie qu'Arnaud répand (je sais que ça l'a bouleversé, mon frère, ce départ, et je sais qu'il m'en veut terriblement, mais qu'il n'y croit pas lui-même une seconde.), cette rumeur selon laquelle je me suis rebellée contre la vie de nos parents et contre la noblesse, c'est ridicule, tu sais très bien que je leur suis reconnaissante, que j'aime tellement mon papa et ma mamounette, tu le sais, toi la seule devant laquelle j'osais pleurer quand ils s'absentaient quelques jours.
Tu le sais que je l'ai aimée cette vie de paradis, ne crois pas que je la dénigre, surtout pas. Tu le sais que cette grande maison qui ressemblait à un petit château, ce grand jardin, ces roses partout, ce lit de princesse à baldaquin, ces repas enjoués, ces rires, cette maisonnée toujours bruyante, la musique classique qu'on écoutait le soir dans le salon en s'occupant, cette grande bibliothèque, ces livres anciens, ces voyages, cette fratrie de sept, putain, je sais à quel point c'était vieux jeu, mais toi, toi qui a vécu la même chose ou presque, toi tu sais à quel point on était heureux! Tu sais que ça ne m'a jamais empêché de vivre une vie totalement normale, d'aller au lycée et de regarder les garçons, d'aller au ciné ou prendre un café entre copines... OK, mes parents n'étaient pas PARTCULIÈREMENT cools ni ouverts, ils ne me laissaient pas aller faire la fiesta tous les week-ends et j'ai tellement négocié pour aller voir quelques concerts, mais enfin, c'était pas non plus la dictature, et loin de là!
Les gens à qui je raconte mon enfance associent toujours la particule et le château aux grandes familles, au duc d'Everlange de Bellevue, tu sais, pas loin de Marseille, cet espèce que vieux plouc encroûté dans le grand domaine poussiéreux, avec sa femme qu'il n'aime pas, ses enfants pompeux et prétentieux, sans humour, qu'il traîne TOUS LES MATINS à la messe! On était loin de ce vouvoiement parents-enfants, chez nous, quand je pense aux trente domestiques des Everlange et à notre bonne vieille Evelyne qui était comme ma deuxième maman, qui me faisait des chocolats chauds et des crêpes pour le goûter, qu'on adorait et à qui on offrait de beaux cadeaux pour son anniversaire qu'on fêtait tous ensemble... Elle fait partie de la famille, quoi!
Tu sais à quel point je les aime, ma famille, mon grand frère, mon Arnaud, et puis mes petites soeurs et mes petits frères, Mahaut, Caroline, Guillhem, Aliénor et le petit Thomas. Tu dois le deviner, à quel point je suis triste de les quitter, et puis de te quitter toi, mon autre moi, mon inséparable, ma lune de miel. Mais penses-y, penses-y un instant, après lui, après cette douleur, je ne peux pas rester, c'est trop dur...
Il m'a fait devenir moi-même. Il (je n'arrive pas à prononcer son prénom, alors, l'écrire!) m'a révélée, m'a sortie de mon carcan, de ma prison ! ... Ne tombe pas dans le piège dans lequel mon père est tombé quand j'ai tenté de le lui expliquer. Ne commets pas l'erreur de croire que le carcan, c'était ma famille et mes robes blanches de jeune fille en fleur, que la prison, c'était le château de l'avenue de la République! Ce n'étaient pas pour moi des contraintes. Ce qui l'étaient, c'était cette façon qu'avait mes parents de me voir. Oui, à dix ans je suis allée à ma première pyjama party, à douze, j'en ai organisé une, à treize j'allais en ville avec toi, à quinze je suis allée à la fête de Morgane... Non, ils ne m'ont pas laissée cloîtrée à la maison. Je sortais, je faisais à peu de choses près ce que les filles de mon âge faisaient. Mais ils me voyaient toujours, malgré les différents droits que j'acquérais, comme une petite fille habillée en Bonpoint, à qui sa maman venait faire un bisou le soir, qui répondait «Oui, Papa» à son père sous peine de se voir faire les gros yeux... J'ai l'impression que pour eux, j'aurais beau faire toutes les études du monde, grandir, devenir une femme physiquement, avoir un copain, devenir chirurgienne, ils ne me verront comme une adulte que quand je serais mariée, établie. Là, et là seulement, j'aurais le droit d'avoir une vie sexuelle, là seulement mes soucis seront dignes d'intérêt... Ils ne voient pas qu'IL m'a changée? Qu'après son passage, et surtout après son départ, je ne suis plus du tout la même ?
Je les aime, je n'ai pas été une ado difficile, tant qu'ils étaient un minimum conciliants, je ne faisais pas d'histoires, je pensais que notre vie de famille incroyable, notre maison magnifique, nos niveau de vie et l'amour qui régnait partout compensaient mille fois le fait que je n'aie pas le droit de leur dire non, que je doive négocier pour chaque sortie, ça ne m'a jamais dérangée! L'adolescence, je l'ai vécue comme un rêve, à devenir femme en dehors de chez moi et à rester une enfant au château, avec toi qui étais comme moi et qui faisait le pont entre les deux mondes, c'était idyllique. J'en connais un paquet, de filles qui se seraient plaintes du peu de responsabilités que j'avais. Pas moi.
Mais c'est maintenant que je ne suis pas d'accord. J'ai 23 ans. J'ai eu mon bac il y a six ans maintenant. Je n'ai pas fait d'histoire, je suis rentrée de Marseille tous les week-ends, je ne leur ai jamais présenté de copain, et en fait, je crois qu'ils n'ont pas compris que j'était adulte, que ça y est, j'ai franchi la frontière invisible.
Quand IL a débarqué avec son groupe de rock qui devenait de plus en plus connu, quand IL est monté sur scène avec son slim et son blouson de cuir, ses cheveux un peu fous, en parfait parisien, avec une voix incroyable, j'ai ressenti ce qu'on ressent toutes les deux quand on regarde Coup de Foudre à Notthing Hill. Waw, il est troooop bôôôôô. J'adorais ses chansons, et je suis restée en extase pendant tout le concert, mais il était intouchable.
Mais quand je l'ai revu, à cette soirée où tu m'a traînée le lendemain du concert, un rhum-coka à la main, il a pour moi perdu de ce qui faisait de lui un dieu. Il était magnifique, mais normal. J'étais pompette, et toi et la copines, vous m'avez pressée d'aller lui parler, je me sentais particulièrement audacieuse ou je ne sais pas, mais j'y suis allée. «Salut», «Hey», «Tu es bien ... (pardon, je t'ai dit que j'avais du mal avec son nom) ?», «Oui, oui, c'est moi, ça m'étonne que tu connaisse.» «C'est parce que je suis fan, c'est normal. Tu restes ici combien de temps?» «L'été va commencer, et il y a pas mal de festivals dans la région, alors on peut dire que je reste dans le coin quelques mois...», et caetera, et caetera pendant quelques minutes. À ce moment-là, j'étais plus fière de mon audace qu'attirée par lui. Mais tout a basculé quand ils ont passé une de ses chansons, un truc pas très connu, pas le single que tout le monde connaissait, c'était un slow, et je me suis mise à chantonner. Je la connaissais par coeur cette chanson, je l'adorais, c'était ma préférée, et j'avais failli pleurer quand il l'avait chantée la veille. Maintenant, c'était lui qui avait les larmes aux yeux. Il me regardait, je l'ai chantée jusqu'au bout, et je me suis mise à n'exister que dans son regard, j'étais une autre que je n'avais jamais été et pourtant j'étais moi-même... Je suis tombée amoureuse de lui le temps d'une ballade de trois minutes!
Et je me rendais compte qu'il se passait un truc chez lui aussi, que c'était réciproque, qu'un garçon normal ne se serait pas mis à presque pleurer pour mes beaux yeux. Mais je ne réalisais pas que lui, le chanteur, le Parisien tombait amoureux lui aussi tant ça me semblait une évidence.
Dès que la dernière note de la chanson est tombée, on s'est pratiquement jetés l'un sur l'autre. On est sortis dehors, dans l'ai de l'été, on a parlé, parlé, on s'est embrassés, embrassés à n'en plus finir.
Tu connais la suite. C'a été l'idylle pendant deux mois et demi. Tu connais ma première fois, la «seule qui aie compté pour lui», selon lui. Tous ces détails tu les connais, et je t'ai bien vu me regarder, surexcitée, quand on s'est dirigés vers la porte. Mais j'avais besoin de te raconter ce que j'ai ressenti. Ce n'était pas une amourette ordinaire, Delphine. C'était bien plus que ça. Tu ne connais que les faits, il faut que je te raconte les émotions.
Delphine, je n'ai jamais dit que c'était l'homme de ma vie. Mais pendant deux mois, j'ai vécu une histoire qui sortait de l'ordinaire, je le sais, sans vouloir me prendre pour Juliette (ou pour Iseult, ha, ha, ha!). C'était difficile à raconter, ça paraissait assez présomptueux de présenter ça comme ça, d'oser te dire en face « Oui mais Delph', tu ne comprends pas, c'était bien plus que ce que tu vis avec Antoine!»
Donc tu n'as pas compris. Il est reparti à Paris le 2 septembre. Sans laisser un mot, sans un au-revoir, il m'a laissée l'ombre de moi-même, et personne n'a réalisé que c'était plus que mon premier chagrin d'amour. Oh, Nina, il m'a fait devenir moi-même, il faisait partie de ma nouvelle identité, de celle qui s'assume, moins timide qu'avant parce qu'elle est heureuse. Je m'appuyais sur lui, sur son amour, je n'existais que pour lui et il est parti. On m'a enlevé ma béquille.

J'ai traversé les trois, quatre mois de tristesse réglementaires, sans que personne ne s'inquiète. J'ai pleuré et pleuré et pleuré tant que j'avais le coeur qui coulait par les yeux, et encore une fois, les autres compatissaient, mais il n'y avait rien de grave pour eux, ni pour toi ma Delphine.

Il a fallu que je parte, le plus loin possible de là où je suis née, de là où je l'ai connu. C'est à Aix que réside mon ancienne moi, qui m'appartient encore, mais je dois découvrir mon autre facette, la fille libérée qui s'est cachée pendant vingt-trois ans. C'est à Aix aussi que nous avons vécu notre bonheur, et je ne peux plus voir la boulangerie sans penser à nos croissants du matin, à la fontaine sans chercher la pièce que nous y avons jetée, je suis détruite.
Il m'a transformée et il est parti. Pour ces deux raisons, Aix pour moi est invivable.

Je ne vois pas comment je pourrais trouver un endroit plus différent de la Provence que Sydney. Tout ici est changé et j'aime ce nouveau monde.
Je reviendrais, bientôt j'espère, quand la Fleur d'avant et la Fleur d'après pourront cohabiter sans problème.

J'espère que tu me pardonnes et que tu me comprends, Delphine, et j'ai un secret à t'avouer, quelque chose que j'ai gardé pour moi tout ce temps, et tu comprendras que c'est aussi une raison déterminante à mon départ.

J'attends un bébé, ma Delph', un bébé qui ne connaîtra pas son père! Je ne sais pas quoi faire, et la date limite pour l'avortement est passée; en plus, mon père ne me l'aurait jamais pardonné.

J'attends de tes nouvelles, Nina, ma belle,

Fleur »

♣ Can I ask you some questions ?

AS-TU DEJA ETE AMOUREUX ? :: Oui, pour son plus grand malheur, Fleur a découvert l'amour comme peu l'ont vécu. Sans parler d'amour avec un grand A, une passion dévorante, flamboyante, tellement réelle et magique à la fois qu'elle permettait à ces deux amants d'être eux-mêmes sans regrets et sans honte, romantiques, en larmes, en manque ou passionnés. Un amour qui a sorti Fleur de sa vie de famille heureuse où l'adolescence n'avait pas place, qui l'a transformée en Iseult, l'a fait devenir quelqu'un d'autre pendants 5 mois d'intense et pur bonheur, avant de la déchirer comme brûle une cigarette.
POURQUOI ES-TU EN AUSTRALIE, A SYDNEY ? :: Parce que Sydney, c'est en gros LA destination civilisée (on s'entend) la plus éloignée d'Aix-en-Provence, France. Parce qu'à 24 heures d'avion, il y a peu de chances qu'on vienne la voir ici. Parce que ce n'est qu'en changeant complètement d'environnement qu'on se reconstruit après une perte de soi-même accompagnée d'un renouvellement total de ses idéaux. Parce que ce côté Californie de l'hémisphère Sud lui plaît, les grands espaces, l'anglais.
AIMES-TU TON EMPLOI/ETUDES ACTUEL(LES) ? :: La médecine, ce n'est pas la vocation ni le but de la vie de Fleur, mais il faut dire qu'elle se passionne pour ces études qui demandent concentration permanente, rigueur, application, et elle aime plus que tout quand son travail est payant; le fait de savoir qu'on a soigné quelqu'un n'est-il pas la sensation la plus gratifiante au monde? Et il faut reconnaître encore deux avantages à ces études: se plonger méthodiquement dans des livres remplis de noms de pathologies et de traitements différents est un remède radical aux chagrins d'amour. De plus, la médecine est universelle et se faire transférer de l'université de Marseille à Sydney n'a pas été (trop) difficile.

TOI TOI &TOI icon by COLLAPSING NIGHT ♥ NOM ET/OU PSEUDO : Marissa / et Maylis sur le Net. AGE : 15 anni. RÉGION : Province of Quebec, infortunately (but i'm french!) FILLE OU GARÇON : Ragazza. QUE PENSES-TU DU FORUM ? : Top en tous points: Sydney, les gens, le contexte, le design... ET, TU L'AS TROUVÉ PAR QUEL MOYEN ? : Partenariat avec mon autre fo', British Spakles. AUTRES :